Nom(s) vernaculaire(s) | Berce du Caucase |
Famille | Apiaceae |
Origine | Europe (sans bassin méditerranéen) |
Date d’introduction | XIXe |
PACA | Occitanie | Corse |
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Emergente | Emergente |
Sud-Ouest | Pyrénées | Méd. Occ. | Méd. PACA | Massif Central | Alpine |
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Emergente | Emergente | Emergente | Emergente | Emergente | Alerte |
Port : plante herbacée à tige épaisse atteignant 5 à 10 cm de diamètre à la base, pouvant mesurer jusqu’à 4 m de hauteur, avec une racine en pivot ou fasciculée.
Feuilles : très grandes, alternes, glabres ou faiblement pubescentes à la face intérieure, composées de 3 folioles, pennées avec des lobes profondément découpés et piquants aux extrémités. Elles peuvent mesurer 1 à 3 m de long (pétiole compris) à la base de la plante. Le pétiole est rond et engainant. Feuilles de couleur verte et en rosette à la base.
Tiges : les tiges robuste sont creuses, cannelées, à poils hérissés et épars. Couleur verte souvent tâchée de pourpre. Début de croissance en mars-avril, pouvant atteindre 4 m de hauteur et 10 cm de diamètre.
Fleurs : petites, blanches ou jaunes verdâtres, formant une inflorescence en ombelles formées de 50-120 rayons hérissés, la terminale atteignant plus de 50 cm de largeur, avec à la base un involucre de bractées larges et entières. Production de deux types de fleurs : hermaphrodites au niveau des ombelles terminales et mâles au niveau des ombelles inférieures. Floraison entre juillet et août dans notre région.
Fruits : diakènes secs, aplatis et elliptiques, lentilles biconvexes mesurant 8 à 14 mm de long et 6 à 8 mm de large. Ils portent 3 à 5 canaux sécréteurs bruns (odeur de résine). Chaque fruit contient 2 graines (une dans chaque méricarpe). Fructification d'août à septembre dans notre région.
Taille : 2-3 m de hauteur en moyenne (jusqu'à 4 m).
Confusions possibles : avec Heracleum sphondylium (berce commune) et Heracleum sibiricum (berce de Sibérie) : dimensions générales de la plante beaucoup moins importantes (elle ne dépasse pas les 1,5 m) et feuilles pubescentes, de couleur vert-gris et à divisions lobées non dentées.
Milieux | Berges et ripisylves ; Milieux anthropiques ; Prairies humides |
Type de reproduction / propagation | La berce du Caucase est une plante pérenne monocarpique. C'est parvenue au terme de ses 5 à 7 années de développement que ses grandes ombelles vont porter des dizaines de milliers de fleurs puis de graines avant de dépérir. Chaque individu produit en moyenne entre 10 000 à 20 000 graines en Europe, avec possibilité d’autofécondation. Ces graines ont une durée de vie dans le sol pouvant égaler 7 ans d'après la bibliographie (avec en moyenne plus de 2 000 graines viables/m²). Une étude est en cours pour évaluer la persistance de la banque de graines du sol de cette espèce dans les Préalpes de Grasse. Cette espèce disperse ses graines généralement via les cours d'eau (mais aussi grâce au vent et les activités humaines). Des introductions involontaires peuvent s'opérer via le transport de graines au sein de terres contaminées, sous les pneumatiques des engins agricoles, sous les semelles de chaussures, etc. |
Type(s) biologique | Hémicryptophyte |
Floraison (mois) | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
Impacts écologiques | D'après la bibliographie : La berce du Caucase est une espèce très compétitive qui, par sa croissance rapide et sa grande taille, monopolise rapidement l’espace, les ressources nutritives et la lumière nécessaires à l’établissement et à la survie de la végétation herbacée et des jeunes ligneux. Ce phénomène de monopolisation des ressources induit ainsi la disparition locale des populations d'espèces indigènes. Il amplifie également l’érosion au niveau des berges des cours d’eau lorsque celles-ci sont dépourvues de ripisylve.
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Impacts sanitaires | Local : En région PACA : la berce du Caucase a colonisé les berges du lac de Thorenc, lac artificiel d'un hectare dans les Préalpes issu d'un barrage sur le cours d'eau de la Lane, à Andon (Alpes-Maritimes). Cette plante présentait un risque sécuritaire pour les activités récréatives liées au site (sorties familiales, aires de pique-nique, etc.). D'après la bibliographie : Heracleum mantegazzianum provoque de graves brûlures cutanées. Cette espèce produit une toxine phototoxique appelée furanocoumarine. Ces molécules sont activées par la lumière solaire (substance photosensibilisante) et occasionnent des lésions de la peau. Celle-ci devient rouge, gonflée et de grandes cloques apparaissent au bout d’un ou deux jours. Ces lésions ont l’aspect de brûlures qui peuvent être graves.
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Impacts sur les activités humaines | Local : En région PACA : cette espèce limite l'accès à certains espaces récréatifs. D'après la bibliographie : Les grandes populations qu’elle peut former, notamment le long des cours d’eau, représentent une entrave à l’accès et à la circulation des usagers des sites envahis (pêcheurs, promeneurs, etc.). Même si elle semble non toxique quand elle est consommée au stade juvénile, entre autres par les vaches et les chevaux, des cas de brûlure sur ces animaux ont été rapportés avec des plantes adultes.
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Aspects positifs | D'après la bibliographie : C’est une plante fourragère, ornementale et mellifère. |
Prévention | La berce du Caucase est désormais inscrite sur le Règlement européen n°1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes, repris par arrêté ministériel du 14 février 2018 détaillant la liste des espèces animales et végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain. Il est ainsi interdit d'introduire cette espèce dans le milieu naturel, de l'utiliser, de la transporter, de la détenir, de l'échanger ou de la commercialiser. De plus, il est conseillé d'arracher les plants avant la fructification. Ne pas accepter de recevoir de la terre dont on ignore la provenance. |
Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles | L’arrachage manuel est une opération difficile, à ne réaliser que sur de jeunes plants ou lorsque le sol est meuble, car il faut s'assurer d'extraire la quasi-totalité de la racine. La section de la racine doit être réalisée par une coupe en dessous du collet (décolletage), dans la partie inférieure pour éliminer la plante. La carotte (racine) peut être profondément ancrée, parfois jusqu’à 40 cm dans le sol pour les sujets les plus âgés. Cette solution coûteuse en temps est donc à privilégier sur les jeunes plants et les sites peu envahis. La coupe des hampes peut se réaliser à l’aide de « demi-lune » à distance de la plante :
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Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques | Pour des populations plus étendues, l'utilisation de la mini-pelle est possible et permet de retirer une grande partie de l'appareil racinaire. Des précautions sont à prendre lors de son emploi à proximité des berges. L’efficacité de ce système est assez importante puisqu’en moyenne il permet d’arracher 250 individus par heure pour cinq personnes, en incluant l’arrachage des individus non accessibles à la mini-pelle. |
Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques | Il n'y a actuellement aucun retour d'expérience connu sur l'efficacité de l'utilisation de techniques chimiques sur cette espèce. Attention! l’utilisation d’herbicides est interdite à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives. De plus, il est nécessaire de se tenir au courant de la législation en vigueur en matière d'utilisation de produits phytosanitaires : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/ |
Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques | Dans une étude expérimentale au Danemark, 7 ans de pâturage par des brebis (5 à 10 par hectare) ont permis l'éardication de la berce du Caucase (Andersen & Calov, 1996). Un pâturage intensif ovin ou bovin est considéré comme une méthode de contrôle prometteuse sur des sites s’y prêtant avec des populations denses. Éviter les animaux non pigmentés (privilégier les animaux avec des muqueuses sombres en raison des risques de brûlure) et agir en début de saison, sur des plants jeunes. Il est conseillé d'éliminer au préalable les sujets adultes pour éviter les réactions cutanées éventuelles et d'optimiser l'efficacité de la gestion. S’il est complété par une destruction manuelle systématique des inflorescences non détruites par les animaux, il permet l’épuisement de la banque de graines du sol après 7 à 10 ans. Moins préjudiciable pour le milieu, le pâturage extensif peut aussi être envisagé dans les zones à fort intérêt écologique (Freudenreich & Albert, 2019). |
Autres méthodes de contrôle ou d’éradication | Le bâchage des zones envahies est une méthode récemment mise en avant par Suadicani et al. (2017 in Freudenreich & Albert, 2019). Le principe est d’ancrer fermement au sol une bâche dense et opaque en matière plastique, tôt dans la saison (février-mars). Les plantes, privées de lumière, finissent par mourir. La bâche est ensuite retirée en août de la même année. Il est important de rapidement revégétaliser le site traité. |
Méthodes inefficaces ou inappropriées | La fauche, même répétée, est inefficace pour l'éradication de l'espèce. En effet, l'espèce est capable de régénération et de production de graines après une coupe au ras du sol. Cette technique favorise la persistance des individus en allongeant leur durée de vie. De plus, après la fauche, les graines produites auraient la capacité de se disperser et mieux germer. Au mieux, la fauche répétée 5 à 6 fois sur un même site permettrait de limiter ponctuellement et temporairement la production de graines. |
Gestion des déchets | Incinérer les ombelles. Stocker le reste du matériel végétal de manière groupée en milieu ouvert et s’assurer du séchage complet ou exporter en couvrant correctement les remorques. |
Précautions | Les personnes chargées des interventions de gestion doivent impérativement prendre des précautions en lien avec le caractère photosensibilisant des substances se trouvant dans la sève de la plante. L’ensemble des parties du corps doit être protégé et le personnel doit être informé des risques et des comportements à avoir en cas de contact avec la peau. Il est primordial de porter un équipement de protection individuel de bonne qualité (s'équiper avec des vêtements et des gants adaptés).
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Commentaires | Espèce végétale exotique envahissante sur le territoire métropolitain : - Règlement d'exécution 2017/1263 de la Commission du 12 juillet 2017 portant mise à jour de la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union établie par le règlement d'exécution (UE) 2016/1141 conformément au règlement (UE) no 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil. La berce du Caucase ne fleurit qu'une seule fois (espèce monocarpique). La gestion de cette espèce doit donc se concentrer sur l'évitement de la fructification et le contrôle des germinations sur plusieurs années. En parallèle l’arrachage des plants est nécessaire au moins sur les zones en cours de colonisation et les zones accueillant du public. |
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Citation recommandée : CBNMed, 2021. Heracleum mantegazzianum [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr
Auteurs CBNMed : EK, MR, KD, MH, CC, CS
Révision : 2022