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Paspalum distichum L., 1759 [syn. Paspalum paspalodes (Michx.) Scribn., 1894]


Nom(s) vernaculaire(s)Paspale à deux épis
FamillePoaceae
OrigineAmérique du Sud
Date d’introductiondéb-XIXe (1802)

Statuts

Régions administratives
PACAOccitanieCorse
MajeureMajeureMajeure

Zones biogéographiques continentales
Sud-OuestPyrénéesMéd. Occ.Méd. PACAMassif CentralAlpine
MajeureAlerteMajeureMajeureEmergentePrévention


Description

  • Port : plante herbacée vivace couchée, velue, stolonifère et rhizomateuse.

  • Feuilles : feuilles longues, linéaires, larges de 3-7 cm, munies d'une ligule membraneuse courte et arrondie et d'une gaine fendue et cilié. La préfoliaison de la plantule est enroulée, les premières pousses sont issues de bourgeons rhizomateux qui démarrent en mai. Les premières feuilles sont réduites à des écailles et rapidement les stolons recouvrent le sol.

  • Tiges : tige couchée puis dressée, ronde, creuse, poilue au niveau des nœuds. Elle émet de longs stolons vigoureux et parfois rougeâtres.

  • Fleurs : inflorescence formée de 2 (rarement 3 ou 4) épis denses de 2 à 7 cm, vert pâle, disposés en V. Au cours de l’été, les fleurs des épis sont pollinisées par le vent. Les étamines et les stigmates pourpres à noirs sortent des épillets et sont assez visibles. Floraison de juillet à octobre.

  • Fruit : caryopses ayant une forte production de graines. Ces dernières germent au milieu du printemps, les plantules se forment ensuite.
  • Taille : 6 à 60 cm pouvant atteindre 1 m.

  • Confusions possibles : Paspalum distichum peut être confondu avec Paspalum dilatatum, Digitaria sanguialis, Digitaria ischaemum et Cynodon dactylon qui ont également des épis digités mais plus nombreux.



Cartes

Répartition par mailles INPN de 5*5 km
Fréquence par départements

Altitudes
Biologie et écologie
MilieuxBerges et ripisylves ; Marais, tourbières, tufières ; Milieux agricoles ; Milieux anthropiques ; Prairies humides
Type de reproduction / propagation

Le paspale a deux épis se reproduit principalement par multiplication végétative, par extension de ses stolons (dont la croissance peut atteindre 25-30 cm par semaine par des températures de 30 à 40°C), et également par fragmentation de son rhizome. Espèce monoïque, il se reproduit également de manière sexuée par graines (pollinisation anémophile). Les graines sont disséminées par le vent, les courants, les animaux et par l'homme (lors d'opérations agricoles notamment). Les fragments de stolons et de rhizomes sont transportés par l'eau.

Type(s) biologiqueGéophyte à rhizome

Phénologie
Floraison (mois)JFMAMJJASOND


Impacts et aspects positifs
Impacts écologiques

D'après la bibliographie : Dans les milieux naturels, il forme des tapis denses qui concurrencent la végétation indigène. Il peut coloniser et dégrader certains habitats d'intérêt communautaire (3170 "Mares temporaires méditerranéennes", 3270 "Rivières avec berges vaseuses avec végétation du Chenopodion rubri p.p. et du Bidention p.p.", etc.). Le paspale à deux épis tend à uniformiser la végétation des milieux humides sur les sols argileux particulièrement favorable à son établissement. En Inde, sa présence en bord de cours d'eau à été localement identifiée comme responsable de la diminution des populations de poisson.


Impacts sanitaires

D'après la bibliographie : Aucun impact sanitaire n'est recensé actuellement.


Impacts sur les activités humaines

Local : En région PACA : Adventice des rizières en Camargue, elle peut poser certaines années de réels problèmes dans les riz biologiques en formant des tâches abondantes et monospécifiques (dans Muller, 2004).


D'après la bibliographie : Le paspale à deux épis est une adventice nuisible dans 61 pays, principalement des rizières. Lorsqu'il est présent en grandes populations, il peut diminuer les récoltes, et parfois étouffer la totalité de la culture (dans le cas de rizières cultivées en agriculture biologique). Il est également cité comme adventice secondaire du maïs et du tournesol. Il engendre par ailleurs des problèmes dans la gestion de l'eau.


Aspects positifs

Local : En région PACA : En Camargue, il est consommé par le canard colvert et la sarcelle d'hiver.


D'après la bibliographie : Le paspale à deux épis est utilisé en protection contre l'érosion grâce à son réseau de stolons. Il est utilisé comme plante fourragère et pâturé.



Gestion

Carte des actions réalisées

Méthodes de contrôle ou d’éradication
Prévention

Éviter de participer à la dispersion du paspale à deux épis : ne pas accepter de recevoir de la terre dont on ignore la provenance.

Ne pas laisser les sols à nu à proximité des sites envahis par cette espèce.

Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles

L'arrachage manuel n'est envisageable que pour des zones limitées. L'ensemble des rhizones et stolons doit être extrait.

Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques

Une coupe rase des touffes peut être appliqué sur la zone envahie pour contrôler l'espèce : cette technique limite la production de graines mais ne permet pas d’éradiquer la plante.

Le travail du sol pendant la saison sèche est une méthode de contrôle qui permet de dessécher les structures pérennes de la plante. Dans les zones tempérées, les tubercules et rhizomes ramenés à la surface du sol sont tués par le froid (Ampong-Nyarko & De Datta, 1991). En Camargue, cette technique (assèchement des sols, retournement de la plante, exposition des racines de la plante au soleil) a permis d’éradiquer la plante en deux ans à condition de ne pas approvisionner d’eau sur le site en gestion, ce qui présente l’inconvénient de laisser la terre improductive (Gros, 1986).

En Espagne, la solarisation des sols a donné de bons résultats dans le contrôle de Paspalum distichum mais peut affecter la végétation indigène.

Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques

Le paspale à deux épis est résistant aux herbicides. Toutefois, en Australie, des herbicides (glyphosate, dalapon, cyalofop‐butyl, basfapon, etc.) sont utilisés pour lutter contre le paspale à deux épis, avec plus ou moins de succès. Attention! l’utilisation d’herbicides est interdite à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives. De plus, il est nécessaire de se tenir au courant de la législation en vigueur en matière d'utilisation de produits phytosanitaires : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/

Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques

Des pratiques agricoles adaptées peuvent être efficaces pour la gestion de Paspalum distichum dans les milieux agricoles, noamment les rizières :

  • Précautions : trier les graines avant le semis et après la récolte, ne pas utiliser l’eau de colature des rizières, ne pas pomper l’eau dans les canaux de drainage, éliminer la plante sur les bourrelets clos, maintenir une bande de sécurité sur les marges des rizières et exercer une surveillance.

  • Gestion de l’eau : une mise en eau précoce, avant la mi-avril, favorise les espèces telles que les massettes, les roseaux et iris, qui font de l’ombre au paspale à deux épis et peuvent ainsi parvenir à limiter son développement par exclusion compétitive. L'immersion de la plante entière dans l'eau réduit fortement la production de nouveaux pieds. Un assèchement prolongé durant le printemps et l’été l’élimine également. S’il existe une possibilité d’entrée d’eau saumâtre, cette eau peut théoriquement éliminer la plante qui ne tolère pas le sel. L’assèchement estival favorise par ailleurs la salinisation des sols et donc le contrôle de l’espèce.

La revégétalisation après des actions de gestion est importante car Paspalum distichum tolère peu l'ombre.

Le pâturage peut également aider au contrôle de la plante.

Autres méthodes de contrôle ou d’éradication

Sur le plan d’eau du Mas, situé sur le site Natura 2000 Val d’Allier-Alagnon (Auvergne), plusieurs méthodes ont été testées sans grand succès. Le paspale à deux épis a recolonisé l’ensemble des placettes avec des recouvrements plus faibles. Ce résultat démontre la difficulté de parvenir à une éradication des populations dans une station envahie même en combinant de l'arrachage manuel, une coupe avec rotofil, un retournement manuel du sol, un brûlage des racines et rhizomes et la mise en concurrence avec des espèces locales (revégétalisation). La mise à nu des surfaces gérées est un facteur important de recolonisation des espèces pionnières, ce qui pourrait expliquer la dominance du paspale après travaux. Le suivi devra être poursuivi afin de déterminer si l’agrostis concurrence vraiment le paspale à deux épis.

Pour plus d'informations : http://www.especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2018/10/paspale_a_deux_epis_r.pdf

Méthodes inefficaces ou inappropriées

Il est difficile de parvenir à l'éradication des populations de cette espèce une fois installées. Les techniques décrites dans cette fiche peuvent se révéler infructueuses en fonction des situations.

Gestion des déchets

Tous les rémanents doivent être évacués avec précaution et en évitant la dispersion des graines. Si des graines sont présentes, les plantes arrachées doivent être exportées avec précaution en dehors du site et incinérées pour éviter leur dissémination.

Si les rémanents ne contiennent pas de graines (mûres), ceux-ci peuvent être compostés (séparément dans un tas chaud et humide avant d'utiliser ce compost).

Précautions

Il est recommandé d'intervenir avant la fructification, au mois de juin, pour limiter la dispersion des graines en fin d’été et en automne.

Commentaires

Espèce soumise à règlementation agricole : arrêté du 13 juillet 2010 relatif aux règles de bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE).

Le paspale à deux épis se reproduit par voie sexuée (forte production de graines) et asexuée (stolons et rhizomes) : sa gestion nécessite donc la maitrise de la banque de graines (coupe des touffes) et du reste de la plante (travaux du sol, couvert ombragé, assèchement, salinisation, etc.).

Le coût des opérations d'arrachage manuel est de l'ordre de 20 à 45 €/h à raison de 100 pieds/h. Celui des opérations de gestion selon des fauches mécaniques s’élève de 0,05 à 0,12 €/m².


Sources bibliographiques

Ampong Nyarko K. & De Datta S.K., 1991. A Handbook for Weed Control in Rice. International Rice Research Institute, Phillippines. 113 p.

ARPE & CBNMed, 2009. Plantes Envahissantes - Guide d'identification des principales espèces aquatiques et de berges en Provence et Languedoc. Agence régionale pour l'environnement PACA & Conservatoire botanique national méditerranéen. 112 p.

CABI, 2019. Paspalum distichum (knotgrass) [en ligne]. CABI, Invasive Species Compendium. Disponible sur : http://www.cabi.org/isc/datasheet/38952 (page consultée le 06/05/2021).

Carr C., 2010. Plant Fact Sheet for Knotgrass (Paspalum distichum). USDA-Natural Resources Conservation Service, James E. “Bud” Smith Plant Materials Center. Knox

City T.X., 2016. Paspalum distichum [en ligne]. USDA Plant Database. Disponible sur : https://plants.usda.gov/factsheet/pdf/fs_padi6.pdf (page consultée le 12 octobre 2016).

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Fried G., 2012. Guide des plantes invasives. Belin, Paris. 272 p.

Gros P., 1986. Paspalum distichum L. : un compromis entre l’élevage traditionel et la conservation des oiseaux aquatiques en   Camargue.   Rapport   de   Maîtrise   « aménagement   et   mise   en   valeur   des   régions »,  Université   de   Rennes/Station Biologique de la Tour du Valat.

GT IBMA, 2016. Paspalum distichum [en ligne]. Base d’information sur les invasions biologiques en milieux aquatiques. Groupe de travail national Invasions biologiques en milieux aquatiques. UICN France et Onema. Disponible sur : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/espece/paspalum-distichum/

Haury J., Hudin S., Matrat R., Anras L. et al., 2010. Manuel de gestion des plantes exotiques envahissant les milieux aquatiques et les berges du bassin Loire-Bretagne. Fédération des conservatoires d'espaces naturels, 136 p.

Invasoras, 2015. Knotgrass - Paspalum paspalodes [en ligne]. Invasoras, Invasive Plants in Portugal. Disponible sur : https://www.invasoras.pt/pt/planta-invasora/paspalum-paspalodes (page consultée le 29/07/2015).

Kumar C.R.A., Mittal D.D., 1993. Habitat preference of fishes in wetlands in relation to aquatic vegetation and water chemistry. Journal of the Bombay Natural History Society, 90(2): 181-192

Manche C., 2007. Les espèces exotiques envahissantes susceptibles de proliférer dans les milieux aquatiques et les zones humides sur le territoire du SAGE Authion. Rapport de Master 2 professionnel, Tours, Université François Rabelais. 74 p.

Muller S. (coord), 2004. Plantes invasives en France: état des connaissances et propositions d'actions. Collections Patrimoines Naturels (Vol. 62), Publications Scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle, Paris. 168 p.

Sarat E., Mazaubert E., Dutartre A., Poulet N. & Soubeyran Y., 2015. Les espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques : connaissances pratiques et expériences de gestion. Volume 2 - Expériences de gestion. Onema, Collection Comprendre pour agir, 240 p.

Val'hor, 2020. Paspalum distichum [en ligne]. Code de conduite plantes envahissantes. Disponible sur : https://www.codeplantesenvahissantes.fr/plantes-concernees/ (page consultée le 28/04/2020)

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Citation recommandée : CBNMed, 2021. Paspalum distichum [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr

Auteurs CBNMed : EK, MR, MLB, AC, MH, KD, CC, CS

Révision : 2021



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