Nom(s) vernaculaire(s) | Renouée de Sakhaline |
Famille | Polygonaceae |
Origine | Asie |
Date d’introduction | mi-XIXe (1855) |
PACA | Occitanie | Corse |
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Prévention | Majeure |
Sud-Ouest | Pyrénées | Méd. Occ. | Méd. PACA | Massif Central | Alpine |
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Emergente | Emergente | Alerte | Prévention | Emergente | Prévention |
La renouée de Sakhaline (Reynoutria sachalinensis) n'a pas été observée à l'heure actuelle en région Provence-Alpes-Côte d'Azur et en région Corse : dans le cas de toute nouvelle observation de cette espèce sur ces territoires, n'hésitez pas à nous alerter (Onglet "Agir" > "Participez aux observations" : http://www.invmed.fr/src/agir/obs.php?idma=43).
Port : plante herbacée vivace à rhizome formant des peuplements denses.
Feuilles : feuilles ovales oblongues atteignant 40 cm, cordées à la base, poilues sur les nervures de la face inférieure du limbe (poils longs et souples visibles à l’œil nu).
Tige : cylindriques, creuses, verdâtres, légèrement striées.
Fleur : blanchâtres, petites, formées de 5 tépales soudés à leur base. Inflorescences dressées de 8 à 12 cm de long insérées à l’aisselle des feuilles. Floraison d'août à octobre.
Fruits : akènes marron et brillants d'environ 4 mm de long. Fructification d'août à novembre.
Taille : de 1 à 4 m.
Confusions possibles : avec Reynoutria japonica qui a des feuilles plus petites, tronquées à la base, glabres à la face inférieure ; et avec Reynoutria x bohemica (hybride entre R. japonica et R. sachalinensis), qui a des feuilles plus petites, à base légèrement en forme de cœur et présentant quelques poils sur la face inférieure.
Milieux | Berges et ripisylves ; Milieux anthropiques |
Type de reproduction / propagation | La renouée de Sakhaline, comme la renouée du Japon (Reynoutria japonica), est une espèce gynodioïque, c’est-à-dire que les plants sont soit mâles-stériles (pieds fonctionnellement femelles), soit mâles-fertiles (pieds fonctionnellement mâles), soit plus rarement hermaphrodites. Elle peut se reproduire de manière sexuée (entre individus de la même espèce ou en s'hybridant avec d'autres espèces) ou asexuée. Elle constitue une source de pollen pour la renouée du Japon, dont seuls des plants mâles-stériles sont présents en Europe, produisant un hybride appelé renouée de Bohême. Cependant, la production de graines viables (pollinisation entomophile) reste rare, et la reproduction se fait principalement par multiplication végétative, par fragmentation du rhizome et bouturage des tiges (un fragment de 0,7 g suffit à générer un nouveau plant). La dissémination des fragments est principalement due à l'homme (déplacement de terres contaminées lors de travaux d'aménagement), mais aussi à l’eau, à l’érosion des berges des rivières et aux animaux. |
Type(s) biologique | Géophyte à rhizome |
Floraison (mois) | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
Impacts écologiques | D'après la bibliographie : La renouée de Sakhaline (et les renouées asiatiques en général) ont une croissance très rapide et forment des peuplements denses monospécifiques. Elles entrent en compétition avec les espèces indigènes en monopolisant l'espace et les ressources (lumière, nutriments, etc.) et en secrétant des substances toxiques (composés allélopathiques). Ces peuplements denses transforment les écosystèmes fluviaux en fragilisant et en déstabilisant les sols, en favorisant l'érosion des berges (qui restent nues pendant l'hiver), en empêchant la régénération de la ripisylve, en modifiant les communautés d'invertébrés, et en déstructurant les frayères. |
Impacts sanitaires | D'après la bibliographie : Aucun impact sanitaire n'est recensé actuellement. |
Impacts sur les activités humaines | D'après la bibliographie : Les massifs de renouées asiatiques constituent une entrave à l’accès des usagers des cours d’eau (pêcheurs, promeneurs, etc.). Leurs racines très puissantes peuvent fissurer du béton et ainsi déstabiliser ou dégrader des ouvrages (barrages, ponts, digues, fondations, murs, trottoirs, etc.). Elles augmentent les risques d'inondation en entravant les écoulements (embâcles) et en endommageant les structures de prévention des inondations. Leur implantation au niveau des dépendances routières, des friches et des bords de voies ferrées peut porter atteinte à la sécurité en limitant la visibilité. |
Aspects positifs | D'après la bibliographie : En milieux urbains, la présence de renouées asiatiques attirent les insectes dans des zones dégradées où les végétaux indigènes ne pourraient pas forcément s’installer. Les renouées asiatiques sont utilisées dans les pharmacopées traditionnelles chinoise et japonaise, et sont parfois consommées dans ces pays. En Europe, la renouée de Sakhaline est utilisée pour décontaminer les sols métallifères, et ses extraits sont parfois utilisés comme fongicides ou herbicides. |
Prévention | Éviter de participer à la dispersion de la renouée de Sakhaline : en premier lieu, cela signifie de ne pas accepter de recevoir de la terre dont on ignore la provenance (soit d'éviter de transporter de la terre d’une zone envahies par les renouées asiatiques). |
Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles | L’arrachage manuel des plantules (avril-mai) consiste à retirer délicatement les jeunes plants en veillant à ne pas oublier un seul morceau de tige ou de rhizome. Cette technique ne peut être réalisée que sur des peuplements jeunes et peu denses. Dans le cas de peuplements bien installés, les rhizomes sont si longs et profonds (jusqu'à 10 m de long et 3 m de profondeur) qu'ils sont impossibles à extraire. |
Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques | Les méthodes de gestion pour venir à bout des renouées sont préférentiellement mécaniques (arrachage ou fauchage ou broyage-concassage de terre selon le niveau d'envahissement). Elles nécessitent toutes d’extrêmes précautions pour ne pas disperser la plante. |
Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques | Les traitements chimiques par vaporisation ou injection dans les tiges (glyphosate, tricloyr, imazapyr, picloram, 2,4-D amine, etc.) sont parfois utilisés, mais ils sont efficaces seulement à court terme car il ne permettent pas d'éliminer les rhizomes : les populations de renouées asiatiques repoussent rapidement. De plus, ces traitements ne sont pas sélectifs, ils éliminent également les autres espèces végétales présentes, pouvant même favoriser la réinstallation des renouées asiatiques. Attention! l’utilisation d’herbicides est interdite à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives. De plus, il est nécessaire de se tenir au courant de la législation en vigueur en matière d'utilisation de produits phytosanitaires : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/ |
Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques | La revégétalisation permet de restaurer les sites envahis en semant ou en plantant des espèces locales (herbacées ou arbustives) qui entre en compétition (notammment pour la lumière) avec les renouées asiatiques. Les espèces de ripisylve comme les saules ou les aulnes sont fréquemment utilisées car elles ont une croissance rapide et sont faciles à bouturer. Cette technique est généralement couplée à une autre méthode de gestion (fauche, extraction des rhizomes, bâchage, concassage, traitements chimiques, etc.) car un milieu très envahi ne permet pas l'implantation d'autres espèces. La revégétalisation seule ne permet pas d'éliminer les renouées asiatiques du site envahi. |
Méthodes inefficaces ou inappropriées | L’arrachage complet du système racinaire d'une population dense et anciennement implantée sur le site envahi est pratiquement impossible, et présente un risque de dissémination très important. Il faut éliminer la totalité du réseau des rhizomes souterrains qui s’étend jusqu’à 10 m autour de la dernière tige, et jusqu’à 1 m de profondeur. Le moindre fragment laissé (0,7g de rhizome) permet la recolonisation du milieu. Il doit donc être réservé seulement pour les plantules. |
Gestion des déchets | Les déchets doivent être incinérés et non compostés. Pour sécher les résidus de fauche, les stocker sur une bâche en milieu ouvert et hors zone inondable :
Pour information, une expérimentation sur le compostage industriel de la renouée du Japon, qui ressemble fortement à la renouée de Sakhaline, a été un succès (tiges, rhizomes et graines). En effet, au bout de trois mois de compostage, les tiges étaient totalement sèches. Idem pour les graines qui n'étaient plus capables de produire des semis. Idem pour les rhizomes qui présentaient un taux de mortalité de 100% après les 8 mois et demi de compostage. |
Précautions | Prévoir un lieu de stockage à proximité de la zone d’arrachage pour l’élimination des tiges et des racines. |
Commentaires | En France, la renouée de Sakhaline est soumise à la règlementation agricole : arrêté du 13 juillet 2010 relatif aux règles de bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE). Au Royaume-Uni, il est illégal de planter la renouée de Sakhaline dans la nature. |
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Citation recommandée : CBNMed, 2021. Reynoutria sachalinensis [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr