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Solanum elaeagnifolium Cav., 1795


Nom(s) vernaculaire(s)Morelle jaune, Morelle à feuilles de chalef
FamilleSolanaceae
OrigineAmérique du Nord
Date d’introductionXXe (1967)

Statuts

Régions administratives
PACAOccitanieCorse
AlerteAlerte

Zones biogéographiques continentales
Sud-OuestPyrénéesMéd. Occ.Méd. PACAMassif CentralAlpine
PréventionPréventionAlerteAlertePréventionAbsente


Description

  • Port : herbacé, vivace.

  • Feuilles : alternes, lancéolées, pétiolées, de 4 à 16 cm de long et de 1 à 4 cm de large, de couleur vert foncé à vert pâle grisâtre, souvent poilues et portant des épines sur leur partie inférieure.

  • Tiges : souvent pubescentes et munies d'épines dont la couleur varie du jaune au noir.

  • Fleurs : longuement pédonculées, solitaires, groupées en cimes, violettes à blanches, à 5 étamines jaunes et à calice inégal. Floraison du printemps jusqu’à la fin de l’été.

  • Fruits : intermédiaires entre la baie et la capsule, secs à maturité, sphériques de couleur jaunâtre ressemblant à de petites tomates (entre 1 cm et 1,5 cm de diamètre). Chacun d’eux contient de 750 à 1200 graines couvertes d’une substance mucilagineuse. Fructification de l’été à l’automne.

  • Taille : Pouvant mesurer jusqu'à 1 m de haut.

  • Confusions possibles : En France, la difficulté relève surtout de l’identification formelle de la plante du fait de la variabilité morphologique observée dans notre région. Sur les stations de Châteauneuf-les-Martigues (Bouches-du-Rhône) et de Vic-la-Gardiole (Hérault), deux formes différentes de la plante ont été identifiées. À Vic-la-Gardiole, la plante présentait des feuilles larges duveteuses et d’un vert foncé, une tige couverte d’épines atteignant 80 cm de haut et des fleurs d’un violet intense. À Châteauneuf-les-Martigues, elle était prostrée (20 cm, dépourvue d’épines, elle avait des feuilles lisses d’un vert plus tendre et des fleurs presque blanches). Nota bene : des confusions sont possibles avec d’autres Solanacées exotiques : Solanum panduriforme, S. carolinense, S. coactiliferum, S. esuriale et S. karsensis. Ces espèces ne sont pas présentes en méditerranée française.



Cartes

Répartition par mailles INPN de 5*5 km
Fréquence par départements

Altitudes
Biologie et écologie
MilieuxBerges et ripisylves ; Milieux agricoles ; Milieux anthropiques ; Prairies, pelouses sèches et garrigues
Type de reproduction / propagation

La morelle jaune se reproduit principalement par reproduction végétative à partir de différents organes (racines, rhizomes, drageons, collets, tiges). Un fragment de racine ou de rhizome de très petite taille (0,5 cm) produit des repousses. Enfoui, il peut rester viable plus de 15 mois. Elle produit également une très grande quantité de graines, qui sont libérées, disséminées par les véhicules et les engins agricoles, le bétail et l’eau. Certaines graines sont viables dès leur année de production.

Type(s) biologiqueGéophyte

Phénologie
Floraison (mois)JFMAMJJASOND


Impacts et aspects positifs
Impacts écologiques

D'après la bibliographie : La morelle jaune est avant tout une espèce ayant des impacts :
- sur le fonctionnement des écosystèmes. S. elaeagnifolium exerce une forte compétition vis­-à-­vis des autres espèces végétales pour l'eau et les éléments minéraux.
- sur la structure et la composition des communautés végétales en place.
- sur les interactions avec les espèces indigènes animales et végétales.
- sur les espèces/habitats à fort enjeu de conservation.


Impacts sanitaires

Local : En région PACA et Occitanie : aucun incident du à la toxicité de la plante n'a été recensé en région actuellement.


D'après la bibliographie : La morelle jaune peut avoir des impacts sur la santé humaine (plante toxique pouvant provoquer divers symptômes dont des éruptions cutanées si ingestion).

Aux États-­Unis, elle est une des sources de la byssinose, une maladie respiratoire chez les ouvriers d'égrenage du coton due à l'inhalation de la poussière issue en partie de la plante présente dans le coton récolté (Uludag et al., 2016).


Impacts sur les activités humaines

D'après la bibliographie : La morelle jaune pose de nombreux problèmes pour les cultures : elle impacte fortement les cultures de coton, de luzerne, de sorgho, de blé, de maïs, d'arachide, de betterave sucrière, de Citrus, de concombre, de tomate, d'olive, de pêches, de vignes, etc.

La présence de la morelle jaune peut mener à un usage des terres moins efficace, une diminution des bénéfices agricoles, et à une augmentation des coûts de production due à l'augmentation de coût de gestion de l'espèce.

Les nombreuses épines et poils glanduleux présents sur les tiges et les feuilles protégeraient la plante des herbivores (cette espèce produit des toxines et répulsifs chimiques). Grâce à cette faculté à être évitée par les herbivores, l'espèce à tendance à être répandue dans les espaces pâturés.

Les alcaloïdes toxiques libérés par les baies (solanine et solasodine) ont un effet allélopathique sur certaines espèces végétales comme le concombre et le cotonnier. Ces substances nuisent à la santé des animaux (bétail). En Australie, en Argentine et aux États-Unis, la morelle jaune est signalée comme toxique pour le bétail, en particulier pour les bovins. Au Maroc, les vaches qui la consomment produisent un lait amer impropre à la consommation.



Gestion

Carte des actions réalisées

Méthodes de contrôle ou d’éradication
Prévention

La répartition actuelle de la morelle jaune en méditerranée française, limitée à quelques stations, permet d’envisager des mesures d’éradication visant l'éradication totale de tous les individus de l’espèce.

Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles

Lorsque les populations sont d'un recouvrement très limitée, un arrachage manuel minutieux couplé à un enfouissement souterrain peut être efficace. Une extraction soigneuse à la main des racines doit être effectuée pour éviter au maximum leur fragmentation et ainsi limiter les risques de reprises des fragments.

Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques

La fauche répétée sur de grandes surfaces permet d'affaiblir la plante et d'éviter sa fructification (contrôle de 50 à 80% des populations de l'espèce).

Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques

Il n'y a actuellement aucun retour d'expérience connu sur l'efficacité de l'utilisation de techniques chimiques sur cette espèce. Attention! l’utilisation d’herbicides est interdite à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives. De plus, il est nécessaire de se tenir au courant de la législation en vigueur en matière d'utilisation de produits phytosanitaires : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/

Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques

Dans son aire d'origine la morelle jaune abrite une entomofaune herbivore diversifiée (Goedden, 1971), certains de ces insectes ont été testés comme agent de lutte biologique. Deux coléoptères ont été relachés en Afrique du Sud, Leptinotarsa texana et Leptinotarsa defecta. Seulement le premier provoque des dommages importants (Hoffman et al., 1998; Olckers et al., 1999).

Des rotations avec des cultures étouffantes telles que Medicago sativa, Mentha viridis ou Digitaria eriantha peuvent permettre d'éradiquer à termes les populations de la morelle jaune.

Méthodes inefficaces ou inappropriées

Dans le cas d’un contrôle mécanique, couper ou tondre sont des opérations à proscrire car elles entraîneraient une reprise encore plus rapide des plants.

Le pâturage semble être une mauvaise méthode de contrôle. De plus, les baies sont connues pour être toxiques pour les bovins.

Le travail du sol est plus susceptible d'augmenter l'envahissement que de la réduire car cela multiplie le nombre de fragments de rhizomes dans le sol.

Gestion des déchets

Tous les rémanents issus des opérations de gestion doivent être évacués avec précaution. Les déchets végétaux doivent être incinérés et non compostés.

L'enfouissement en profondeur ou la combustion sont les méthodes de gestion des rémanents les plus sûres : les plantes peuvent être incinérées et la terre contaminée peut être enfouie à un mètre de profondeur pour éviter tout risque de reprise (Chevrat, 2005).

Précautions

Les engins et outils doivent faire l'objet d'un nettoyage, avant de traiter la zone pour ne pas importer de nouvelles graines d'espèces exotiques, et après les travaux pour ne pas les introduire vers d'autres lieux lors de futurs travaux.

Il faut exercer une pression permanente et assidue sur l’espèce de manière à limiter son retour. Si une combinaison de techniques est trouvée, il faudra poursuivre les travaux d'entretien sur une dizaine d'année, puis effectuer une veille permanente sans relâche.


Sources bibliographiques

AME & CBNMed, 2003. Plantes Envahissantes de la Région Méditerranéenne. Agence méditerranéenne de l'environnement. Agence régionale pour l'environnement PACA & Conservatoire botanique national méditerranéen. 48 p.

CABI, 2019. Solanum elaeagnifolium [en ligne]. CAB International. Disponible sur : https://www.cabi.org/isc/datasheet/50516 (page consultée le 11/03/2021)

Chevrat C., 2005. Action d’éradication de la Morelle jaune (Solanum elaeagnifolium) sur la commune de Châteauneuf­-les­-Martigues. Montpellier, Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles. 6 p.

FCBN, 2013. Solanum elaeagnifolium Cavanilles. Fédération des Conservatoires botanique nationaux. 4 p.

Goedden R.D., 1971. Insect ecology of silverleaf nightshade. Weed Science, 19 : 45-51

Hoffman J.H., Moran V.C. & Impson F.A.C., 1998. Promising results from the first biological control programme against a solanaceous weed (Solanum elaeagnifolium). Agriculture, Ecosystems and Environment, 70: 145-150.

Olckers T., 1999. Biological control of Solanum mauritianum Scopoli (Solanaceae) in South Africa: A review of candidate agents, progress and future prospects. African Entomology Memoir, 1: 65-73

Uludag A., Gbehounou G., Kashefi J., Bouhache M., Bon M.-C, Bell C. & Lagopodi A., 2016. Review of the current situation for Solanum elaeagnifolium in the Mediterranean Basin. EPPO Bulletin, 46.

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Citation recommandée : CBNMed, 2021.
Solanum elaeagnifolium [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr

Auteurs CBNMed : MH, CC, CS
Révision : 2021



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