Logo INVMED
Prosopis juliflora (Sw.) DC., 1825


Nom(s) vernaculaire(s)Prosopis, Caroubier de Ua Huka, Bayahonde
FamilleFabaceae
OrigineAmérique
Date d’introduction/

Statuts

Régions administratives
PACAOccitanieCorse
PréventionPrévention

Zones biogéographiques continentales
Sud-OuestPyrénéesMéd. Occ.Méd. PACAMassif CentralAlpine
PréventionPréventionPréventionPréventionPréventionPrévention


Description

Le prosopis (Prosopis juliflora) n'a pas été observé à l'heure actuelle en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, région Occitanie ou région Corse : dans le cas de toute nouvelle observation de cette espèce sur le territoire, n'hésitez pas à nous alerter (Onglet "Agir" > "Participez aux observations" : http://www.invmed.fr/src/agir/obs.php?idma=43).

  • Port : arbre ou arbuste à branches étalées ; plante phréatophyte aux racines profondes.

  • Feuilles : feuilles persistantes, vertes (parfois glauques ou grisâtres), bipennées à 11-15 paires de folioles.

  • Tiges : un ou plusieurs troncs au bois dur ; branches cylindriques, vertes, un peu épineuses.

  • Fleurs : racèmes cylindriques de 7-15 cm de long ; fleurs blanc-verdâtre virant au jaune clair.

  • Fruits : gousses droites, parfois falciformes, indéhiscentes, jaune paille à brunes ; graines ovales et brunes.

  • Taille : de 3 à 12 m de haut.

  • Confusions possibles : avec d'autres espèces de Prosopis spp., mais aucune n'est présente en France. Il ressemble un peu aux Acacia spp. (communément appelés mimosas) et s'en distingue par ses fleurs groupées en racèmes cylindriques et ses gousses indéhiscentes.



Cartes

Répartition par mailles INPN de 5*5 km
Fréquence par départements

Altitudes
Biologie et écologie
MilieuxBerges et ripisylves ; Dunes côtières et plages de sable ; Forêts et maquis ; Milieux agricoles ; Milieux anthropiques ; Prairies humides
Type de reproduction / propagation

Le prosopis se reproduit par graines, qui sont dispersées par les animaux (domestiques et sauvages) qui consomment ses fruits, ou parfois par l'eau. Il est pollinisé par les insectes, mais l'auto-pollinisation existe également, bien que rare. Il produit relativement peu de graines par rapport à la quantité de fleurs, mais celles-ci peuvent rester viables 40 ans dans le sol. Le prosopis peut également rejeter de souche.

Type(s) biologiqueNanophanérophyte

Phénologie


Impacts et aspects positifs
Impacts écologiques

D'après la bibliographie : Le prosopis peut former des stations denses et exclure par compétition la végétation indigène : il diminue la richesse, le nombre et la densité d'espèces végétales indigènes dans les zones envahies. Il produit aussi des composés allélopathiques qui inhibent la germination et la croissance des espèces végétales indigènes. Il a également un impact sur la ressource en eau (baisse du niveau des nappes phréatiques), sur les processus de succession (peut transformer des prairies en milieux boisés) et la conservation des propriétés des sols. En effet, il peut également modifier la composition chimique des sols (baisse du pH, augmentation des concentrations en nutriments - phosphore, azote, potassium - et en matière organique).


Impacts sanitaires

D'après la bibliographie : Le pollen du prosopis est très allergène, et peut causer les mêmes symptômes que le rhume des foins (allant jusqu'à l'asthme). Sa sève peut provoquer des irritations et ses épines peuvent blesser, ce qui peut parfois conduire à des infections ou septicémies.


Impacts sur les activités humaines

D'après la bibliographie : Le prosopis peut former des stations denses qui bloquent les cours d'eau et canaux d'irrigation, les routes ou encore l'accès aux pâturages. Les épines peuvent abîmer les filets de pêche, percer les pneus et blesser les animaux domestiques. Il peut également envahir des pâturages et des parcelles cultivées et diminuer leurs rendements. Consommées en trop grande quantité, les gousses peuvent être toxiques pour les animaux d'élevage ou leur causer des problèmes dentaires.


Aspects positifs

D'après la bibliographie : Le prosopis est cultivé et utilisé comme plante alimentaire, fourragère, ornementale, mellifère, médicinale. Il est également utilisé pour son bois, comme combustible, ou pour ses propriétés chimiques ou ses fibres. Il peut aussi être planté en haies ou pour lutter contre l'érosion des sols.



Gestion

Carte des actions réalisées

Méthodes de contrôle ou d’éradication
Prévention

La prévention et la détection précoce des nouvelles populations sont les stratégies les plus efficaces afin d'éviter l'installation durable du prosopis.

Éviter de planter cette espèce (ou de le rejeter dans la nature). Le prosopis est désormais inscrit sur le Règlement européen n°1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes, repris par arrêtés ministériels du 14 février 2018 puis du 10 mars 2020 portant mise à jour de la liste des espèces animales et végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain. Il est ainsi interdit d'introduire cette espèce dans le milieu naturel, de l'utiliser, de la transporter, de la détenir, de l'échanger ou de la commercialiser.

Le prosopis s'installe surtout dans des milieux dégradés, par exemple des prairies surpâturées. Maintenir un bon état de conservation des milieux et une charge en bétail pas trop élevée peut donc limiter son installation.

Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles

L'arrachage manuel est possible pour gérer les populations de prosopis au stade plantule (moins d'un an et demi) mais cette méthode est laborieuse. Le site envahi doit ensuite être surveillé pendant plusieurs années, et toute nouvelle plantule est à arracher.

Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques

L'arrachage mécanique est possible pour gérer les populations de prosopis, à condition de désoucher les arbres afin d'éviter qu'ils ne rejettent. Le site envahi doit ensuite être surveillé pendant plusieurs dizaines d'années, et toute nouvelle plantule est à arracher. Cette méthode a aussi un fort impact sur les sols.

Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques

Des herbicides (2,4-D, ammonium-sulfamate, clopyralid, dicamba, picloram, triclopyr, etc.) sont parfois utilisés pour lutter contre le prosopis, avec des résultats variables. Attention! l’utilisation d’herbicides est interdite à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives. De plus, il est nécessaire de se tenir au courant de la législation en vigueur en matière d'utilisation de produits phytosanitaires : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/

Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques

Les coléoptères Algarobius bottimeri et Algarobius prosopis ont été introduits entre 1987 et 1990 en Afrique du Sud comme agents de lutte biologique contre les prosopis. Deux autres coléoptères, Mimosestes protractus et Neltumius arizonensis, ont été introduits dans ce pays en 1993 et 1994. A. prosopis et N. arizonensis se sont bien établis et ont un impact significatif sur les prosopis, mais pas les deux autres. Les deux Algarobius sp. ont également été introduits en Australie en 1996 et 1997. A. prosopis et N. arizonensis ont également été introduits sur l'île de l'Ascension (Royaume-Uni) en 1997.

Le psylle Prodopidopsylla flava et un papillon de nuit du genre Evippe sp. ont été introduits en 1998 en Australie comme agents de lutte biologique contre les Prosopis sp. Le psylle ne s'est pas établi, mais le papillon de nuit a été efficace contre Prosopis pallida (une espèce du même genre).

Un changement de pâturage pour des espèces qui favorisent moins la germination des graines du prosopis (chèvres, moutons, cochons) peut être envisagé. Le taux de germination des graines est moins important après ingestion par ces animaux que par d'autres (vaches, chevaux), mais il n'est pas nul.

Autres méthodes de contrôle ou d’éradication

Il est possible de laisser la succession végétale suivre son cours, et au bout d'un certain nombre d'années, le prosopis ne sera plus l'espèce dominante (au risque de perte de biodiversité).

La récolte du prosopis pour son bois (combustible, charbon) est un moyen de contrôle de ses populations.

Méthodes inefficaces ou inappropriées

Le feu n'est pas efficace pour lutter contre le prosopis, car bien que les plantules y soient sensibles, les plantes matures peuvent rapidement repartir de souche.

La coupe n'est pas efficace pour gérer les populations de prosopis car celui-ci rejette de souche.

Le pâturage favorise le prosopis, car les animaux domestiques disséminent ses graines. Un fort taux de germination a été observé après ingestion par des chevaux et des vaches, plus faible après ingestion par des moutons, des chèvres ou des cochons.

Gestion des déchets

Les fruits ne doivent pas être laissés sur place pour éviter de former de nouveaux individus. Il doivent être exportés hors du site envahi, comme l'ensemble des produits d'arrachage, qui doivent être évacués directement vers un site de valorisation (unité de compostage ou méthanisation).

Précautions

Le prosopis est un arbre épineux, il faut se munir de gants et de vêtements couvrants.

Commentaires

Espèce végétale exotique envahissante sur le territoire métropolitain :

- Règlement d'exécution 2019/1262 de la Commission du 25 juillet 2019 modifiant le règlement d'exécution (UE) 2016/1141 pour mettre à jour la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union.
- Arrêté du 10 mars 2020 portant mise à jour de la liste des espèces animales et végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain.
- Arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l'introduction et de la propagation des espèces végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain. Annexe I-3.

Le prosopis est une espèce réglementée en Australie, en Europe et au Kenya. Les coûts de la gestion du prosopis sont estimés entre 500 et 2200$/ha/an au Kenya et en Afrique du Sud.

Les méthodes d'éradication sont peu efficaces lorsque les populations sont bien installées, et la prévention reste la meilleure arme pour parvenir à limiter les impacts de l'espèce.


Sources bibliographiques

Bionet-Eafrinet, 2011. Prosopis juliflora (Prosopis or Mesquite) [en ligne]. Disponible sur : https://keys.lucidcentral.org/keys/v3/eafrinet/weeds/key/weeds/Media/Html/Prosopis_juliflora_(Prosopis_or_Mesquite).htm (page consultée le 8/06/20)

El-Keblawy A., Al-Rawai A., 2007. Impacts of the invasive exotic Prosopis juliflora (Sw.) DC on the native flora and soils of the UAE. Plant Ecology, 190: 23-35.

EPPO, 2018. Pest risk analysis for Prosopis juliflora. European and Mediterranean Plant Protection Organisation, 55 p. + annexes

Gallaher T., Merlin M., 2010. Biology and impacts of Pacific island invasive species. Prosopis pallida and Prosopis juliflora (Algarroba, Mesquite, Kiawe) (Fabaceae). Pacific Science, 64: 489-526.

GISD, 2015a. Species profile Prosopis [en ligne]. Global Invasive Species Database. Disponible sur : http://www.iucngisd.org/gisd/species.php?sc=433 (page consultée le 8/06/2020)

GISD, 2015b. Species profile Prosopis juliflora [en ligne]. Global Invasive Species Database. Disponible sur : http://www.iucngisd.org/gisd/species.php?sc=917 (page consultée le 8/06/2020)

Hussain M.I., Shackleton R.T., El-Keblawy A., Del Mar Trigo Pérez M., González L., 2020. Invasive Mesquite (Prosopis juliflora), an allergy and health challenge. Plants, 9: 141.

Mukherjee A., Velankar A.D., Kumara H.N., 2017. Invasive Prosopis juliflora replacing the native floral community over three decades: a case study of a World Heritage Site, Keoladeo National Park, India. Biodiversity and conservation, 26: 2839-2856.

Pasiecznik N., 2018. Information on measures and related costs in relation to species considered for inclusion on the Union list: Prosopis juliflora. 39 p.

Pasiecznik N., 2019. Prosopis juliflora (mesquite) [en ligne]. Centre for Agriculture and Biosciences International. Disponible sur : https://www.cabi.org/isc/datasheet/43942 (page consultée le 8/06/2020)

Val'hor. 2020. Prosopis juliflora [en ligne]. Code de conduite plantes envahissantes. Disponible sur :  https://www.codeplantesenvahissantes.fr/plantes-concernees/ (page consultée le 28/04/2020)

-------------------
Citation recommandée : CBNMed, 2021.
Prosopis juliflora [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr

Auteurs CBNMed : MLB, MH, CC, CS
Révision : 2021



Liens utiles

En l’absence de plateforme régionale Corse, données accessibles sur le SINP national