Nom(s) vernaculaire(s) | Jussie à grandes fleurs, Ludwigie à grandes fleurs |
Famille | Onagraceae |
Origine | Amérique du Sud |
Date d’introduction | déb-XIXe (1823) |
PACA | Occitanie | Corse |
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Emergente | Majeure |
Sud-Ouest | Pyrénées | Méd. Occ. | Méd. PACA | Massif Central | Alpine |
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Emergente | Non envahissante | Emergente | Emergente | Emergente | Prévention |
Port : plante aquatique vivace enracinée amphibie (présente une forme aquatique et une forme terrestre) pouvant former des herbiers denses presque impénétrables. C'est une plante très polymorphe.
Feuilles : feuilles alternes polymorphes, allongées à pointes aiguës et à pétiole court, vert-bleutées. Les nervures sont bien visibles et poilues. Les stipules triangulaires, situées à l'aisselle des feuilles, sont un caractère distinctif de l'espèce.
Tiges : la tige peut avoir différentes formes : tige horizontale non fleurie flottante ou tige dressée au dessus de l'eau. Elle est souvent allongée et rougeâtre. Elle est souvent poilue dans sa partie supérieure.
Fleurs : situées à l’aisselle des feuilles sur les tiges émergées, de 2 à 5 cm de diamètre. Fleurs jaune vif à 5 pétales. Les pétales sont assez grands (4 à 6 cm de diamètre) et recouvrants. Le style dépasse à peine les étamines. Germination en avril-mai. Floraison et fructification de juin à novembre.
Fruits : capsules noires de 13 à 25 mm de long et de 3 à 4 mm de large. Fruits rarement développés.
Racines : le système racinaire est composé d'un rhizome (pouvant atteindre 1 cm de diamètre et 6 m de long), et de deux types de racines : les unes servent à l'absorption des nutriments et à la fixation dans le sol, et les autres, enveloppées dans un tissu blanchâtre aérifère, assurent la flottaison, l’alimentation de la plante en oxygène et facilitent la reprise des boutures.
Taille : pouvant atteindre 6 m de long (pour un diamètre de 7 à 10 mm) lorsqu’elles se développent sous l’eau, et 80 cm de haut lorsqu’elles sont dressées au-dessus de la surface de l’eau.
Confusions possibles : avec les autres espèces de jussies. L'espèce indigène Ludwigia palustris a des feuilles opposées et ses fleurs sont petites et verdâtres à l'aisselle des feuilles. Ludwigia grandiflora a les feuilles alternes, des stipules noires triangulaires et ses feuilles émergées sont allongées à pointes aiguës et à pétioles court < 2 cm. Ludwigia peploides a les feuilles alternes, des stipules brun clair arrondies bien développées et ses feuilles émergées sont ovales et à pétioles long > 2 cm.
Milieux | Berges et ripisylves ; Eaux courantes ou stagnantes ; Prairies humides |
Type de reproduction / propagation | Les jussies se reproduisent principalement de manière végétative par fragmentation des tiges (les fragments de tiges peuvent produire un nouveau plant dès lors qu'ils possèdent un nœud). La reproduction sexuée est également possible dans l'aire d'introduction (pollinisation entomophile) : les semences (jusqu'à 10 000 graines/m²) sont souvent fertiles et peuvent produire des plantules viables. Les fruits peuvent flotter dans le courant durant 3 mois, et les fragments de tiges transportés par l’eau sont capables de bouturer dans de nouveaux sites. Les activités humaines (entretien des milieux aquatiques, curages, etc.) sont en grande partie responsables de la dissémination des jussies. |
Type(s) biologique | Hydrophyte |
Floraison (mois) | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
Impacts écologiques | Local : En région PACA et Occitanie : les jussies peuvent notamment coloniser et dégrader de nombreux habitats d'intérêt communautaire : D'après la bibliographie : Les jussies ont une grande capacité de croissance et de multiplication, elles forment de denses tapis monospécifiques qui monopolisent l'espace et la ressource lumineuse, et produisent des composés allélopathiques qui inhibent la germination et la croissance des autres espèces.
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Impacts sanitaires | D'après la bibliographie : Les tapis denses formés par les jussies peuvent fournir un habitat pour les larves de moustiques. |
Impacts sur les activités humaines | D'après la bibliographie : La prolifération des jussies occasionne une gêne pour la pratique des activités de pêche et de navigation. Lorsque les foyers sont importants, ils peuvent occasionner ou amplifier des phénomènes d’inondation en amont. Les jussies réduisent les surfaces de pâturage disponibles pour le bétail (faible appétence). Elles peuvent nuire aux cultures en bloquant les fossés et canaux d'irrigations, et elles envahissent les rizières dans plusieurs pays (Argentine, Australie, Californie, Chili, Colombie). |
Prévention | Il est interdit de commercialiser (vendre/acheter), d'utiliser ou d'introduire dans le milieu naturel les jussies depuis 2007. De plus, les jussies (jussie à grandes fleurs, Ludwigia grandiflora et jussie rampante, Ludwigia peploides) sont désormais inscrites sur le Règlement européen n°1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes, repris par arrêté ministériel du 14 février 2018 détaillant la liste des espèces animales et végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain. Il est ainsi interdit d'introduire ces espèces dans le milieu naturel, de les utiliser, de les transporter, de les détenir, de les échanger ou de les commercialiser. |
Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles | L'arrachage manuel doit être réservé aux débuts de colonisation ou à des herbiers peu étendus et faiblement enracinés (inférieurs à 1000 m²). Cette technique s'avère néanmoins la plus efficace et la moins perturbatrice pour le milieu, permettant un travail sélectif. |
Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques | L'arrachage mécanique s'applique à des herbiers étendus : il s'effectue en juin-juillet lorsque les herbiers sont suffisamment développés mais avant fructification pour éviter tout problème de germination (en particulier dans le cas de Ludwigia peploides). La pose de filtres, filets ou grillages est indispensable, a minima en aval des sites de travaux afin d'éviter la dispersion des boutures. L'arrachage mécanique se fait depuis la berge par une pelle mécanique munie d'un godet à griffe préférentiellement (le godet simple ayant tendance à enfouir les jussies dans les sédiments), ou à partir de pontons flottants équipés de bras hydrauliques et pinces à végétaux. |
Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques | Des herbicides (glyphosate, 2,4-D amine, triclopyr, halosulfuron-methyl, etc.) ont été utilisés dans certains pays pour contrôler les jussies, avec plus ou moins de succès. Cependant, depuis 2009 en France, l'utilisation d'herbicides est interdite dans les milieux humides ou aquatiques. Ces méthodes ne sont donc pas applicables. De plus, l’utilisation d’herbicides est interdite à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives. Il est nécessaire de se tenir au courant de la législation en vigueur en matière d'utilisation de produits phytosanitaires : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/ |
Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques | La mise en assec a été testée sur plusieurs étangs de l’Ain. L’efficacité de l’assec dépend de sa durée et surtout de son exploitation agricole ou non. En effet, sur les assecs laissés en jachère il est observé des développements de jussie sur toute la surface colonisée, même si la biomasse produite est faible. En revanche, sur les assecs cultivés aucune observation de développement de jussie sur la partie cultivée n'est recensée. Seule la périphérie de la parcelle doit alors être surveillée et faire l’objet d’autres moyens de gestion comme l'arrachage manuel par exemple. |
Autres méthodes de contrôle ou d’éradication | Un tableau comparatif de plusieurs méthodes est disponible sur le retour d'expérience suivant du Centre de ressources national sur les EEE : http://www.especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2018/10/jussies_r2.pdf Pour en savoir plus : http://www.especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2014/01/Jussies_R6.pdf.pdf |
Méthodes inefficaces ou inappropriées | Dans les Landes, sur le site Natura 2000 des Barthes de l’Adour, il n'y a pas eu d'effets significatifs sur la présence de jussies de l'utilisation des méthodes de fauchage et de désherbage thermique à la fois sur les zones amphibies et sur les prairies. Le désherbage thermique en prairie a donné des résultats peu concluants. Pour en savoir plus : http://www.especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2018/10/jussies_r1.pdf Le pâturage ne peut être envisagé du fait de la faible appétence de cette espèce pour les herbivores (cristaux d'oxalate de calcium contenus dans les tissus). De plus, le piétinement génère des boutures et favorise la propagation de la plante. Le faucardage ne doit pas être utilisé comme moyen de gestion car il crée des milliers de fragments susceptibles de dériver et coloniser d'autres sites et ne permet pas la régulation des populations de jussies. Dans le marais de l'Isac (Loire-Atlantique), le travail du sol à l'aide d'un vibroculteur n'a pas donné de bons résultats sur les deux parcelles expérimentales. Pour en savoir plus : http://www.especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2017/09/rex8_jussie_isac.pdf |
Gestion des déchets | De grands volumes de matière végétale en décomposition laissés sur les berges des rivières sont inacceptables (risque de dissémination). Les produits d'arrachage doivent être évacués directement vers un site de valorisation (unité de compostage ou méthanisation) ou stockés temporairement en dehors de toute zone humide ou susceptible d'être inondée (sous réserve dans ce cas de l'obtention d'une dérogation au transport de l'espèce) en vue d'être ensuite valorisés. Dans le cas d'une obtention de dérogation au transport des jussies (réglementées), les produits d'arrachage peuvent être stockés et séchés en dehors de toute zone humide ou susceptible d'être inondée. Il est conseillé de les étaler en tas de faible épaisseur, les jussies étant capables de survivre longtemps à l'assèchement, voire de fleurir lorsqu'elles sont déposées en tas compacts. Les jussies séchées peuvent être traitées de différentes manières : incinération, enfouissement, compostage (les risques de germinations étant quasi nuls en conditions normales), épandage, broyage puis incorporation au sol lors du labour. |
Précautions | La pose de filtres sur des axes de circulation de l'eau ou lors des vidanges de plans d'eau infestés permet de stopper la circulation des boutures de jussie afin d'éviter la colonisation de nouveaux sites ou sites déjà traités. Les barrages flottants peuvent être perturbés par le vent, un système de lestage peut-être nécessaire en fonction du niveau de l'eau. |
Commentaires | Espèce végétale exotique envahissante sur le territoire métropolitain : - Règlement d'exécution 2016/1141 de la Commission du 13 juillet 2016 adoptant une liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union conformément au règlement (UE) no 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil. La productivité des jussies est de l'ordre d'1 à 3 kg/m², et la biomasse peut doubler en 15 jours dans les milieux les plus favorables (eaux stagnantes). Le coût de la gestion des jussies entre 1990 et 2003 en France a été estimé entre 51 et 64€ par tonne de biomasse fraîche pour la lutte mécanique, et entre 1 100 et 1 330€ par tonne de biomasse frache pour la lutte manuelle. En France, sur 364 actions de gestion évaluées (actions effectuées avant 2002), seules 14 (3,8%) ont permis de réduire significativement les populations de jussies. |
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Citation recommandée : CBNMed, 2021. Ludwigia grandiflora [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr
Auteurs CBNMed : LF, MLB, MH, KD, CC, ET, CS
Révision : 2021