Nom(s) vernaculaire(s) | Herbe à alligator |
Famille | Amaranthaceae |
Origine | Amérique du Sud |
Date d’introduction | fin-XXe (1971) |
PACA | Occitanie | Corse |
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Emergente | Emergente |
Sud-Ouest | Pyrénées | Méd. Occ. | Méd. PACA | Massif Central | Alpine |
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Emergente | Prévention | Prévention | Emergente | Prévention | Prévention |
Port : herbacée amphibie, stolonifère, enracinée immergée ou émergée pouvant former des herbiers denses (jusqu’à 1 m d'épaisseur). Feuillage persistant. Il existe une "forme" aquatique (plus vigoureuse) et une "forme" terrestre, qui correspondent à une plasticité morphologique typique des plantes amphibies.
Feuilles : vert foncé, opposées et sessiles, de forme lancéolée linéaire à étroitement obovale, acuminées (2 - 12 cm de long et 0,5 - 4 cm de large). La marge est entière, la nervation est alterne, faiblement proéminente à la face inférieure. Les deux faces sont glabres.
Tige : d’abord prostrées, étalées sur le sol ou sur l’eau puis se redressant à l’extrémité. La superposition de tiges forme des mattes épaisses. Les tiges sont cylindriques et creuses (elles peuvent être pleines à la base pour la forme terrestre), atteignant au moins 1 m de longueur. Glabres, striées avec des touffes de poils blancs en collerette stipulaire à la base des feuilles.
Fleurs : inflorescence habituellement axillaire (à l'aisselle des feuilles) et distinctement pédonculée (inflorescence portée par un axe). Inflorescence globuleuse ou ovoïde, de 1 à 1,5 cm de diamètre, composée de petites fleurs blanches à l'aspect parcheminé, membraneux. Floraison de juin à septembre.
Fruits : capsule obovoïde, comprimée, émarginée de 1 à 4 mm de long et indéhiscente.
Taille : entre 10 cm et 1 m (généralement 40 à 60 cm).
Il peut y avoir aussi confusion avec Alternanthera sessilis (une plante alimentaire au Sri Lanka) ou d'autres espèces d'Alternanthera spp. commercialisées à des fins d'exposition (en aquarium par exemple), ornementales ou alimentaires.
Milieux | Berges et ripisylves ; Eaux courantes ou stagnantes ; Milieux agricoles ; Milieux anthropiques ; Prairies humides |
Type de reproduction / propagation | La reproduction est essentiellement végétative (reproduction asexuée) : Alternanthera philoxeroides peut se bouturer facilement à partir des fragments de tiges (qui contiennent des racines filamenteuses à ses noeuds) ou à partir de fragments de stolons. La reproduction sexuée n’a pas été observée dans les aires d’introduction de l’espèce (Sainty et al., 1998). |
Type(s) biologique | Hydrophyte enraciné |
Floraison (mois) | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
Impacts écologiques | Local : En région PACA : la plante a été observée en région PACA en 2013 sur l’Ouvèze dans le département du Vaucluse. En 2014, l’analyse de risque effectuée sur cette espèce par les experts a révélé qu'elle avait un risque élevé de devenir une espèce végétale exotique envahissante dangereuse pour la biodiversité (et l’environnement) surtout en région méditerranéenne... étant déjà présente en France (départements de la Gironde, Lot-et-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne) et en Italie (Terrin & Farsac, 2014 ; Newman & Duenas, 2017). En 2016, elle est repérée sur le Petit-Rhône et en 2019 sur le Grand-Rhône. Depuis, elle est connue sur plus de 16 stations le long du Rhône et de son affluent (Terrin & Hamon, 2021). Elle s'est aussi largement dispersée sur l'Ouvèze sur la commune de Sorgues. D'après la bibliographie : L’herbe à alligator est considérée comme l'une des pires "pestes végétales" aquatiques du monde (Newman & Duenas, 2017). Cette plante rivulaire vivace à stolons a une croissance importante et modifie la structure des écosystèmes en empêchant la croissance des plantes indigènes. Ce caractère très envahissant est aussi observé dans d’autres régions du monde à climat méditerranéen : une croissance végétative rapide, une forte capacité de dispersion par fragments et une capacité d’envahir des milieux aquatiques comme les berges de cours d’eau avec des impacts majeurs sur les écosystèmes aquatiques. |
Impacts sanitaires | D'après la bibliographie : D'après la bibliographie, l'espèce crée indirectement des milieux favorables à la reproduction des moustiques, qui peuvent avoir des implications pour la santé humaine et celle du bétail. |
Impacts sur les activités humaines | D'après la bibliographie : L'herbe à alligator, par la formation de mattes épaisses, peut gêner les activités nautiques (bateaux, pêche, natation). Dans les situations où l’espèce est uniquement terrestre, elle provoque la dégradation des terres agricoles et des pâturages et la contamination des cultures. D'après la bibliographie, dans les zones envahies, l'herbe à alligator diminue les rendements des cultures de riz de 45%, de blé de 36%, de patate douce de 63%, de laitue de 47% et de maïs de 19%. Elle peut également avoir un impact sur les vignobles, les plantations de thé, les cultures de baies, de soja, de coton et de cacahuètes (Csurhes & Markula, 2010 ; EPPO, 2015). Le pâturage d’Alternanthera philoxeroides a été associé à de la photosensibilité et à des lésions de la peau, des dommages au foie menant parfois à la mort chez les bovins (veaux) et ovins (agneaux). La difficulté à gérer cette espèce est souvent corrélée à des coûts élevés de gestion : plus de 3 millions de dollars ont été dépensés par le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud en Australie pour contrôler cette espèce dans le marais de Barren Box sur 5 ans (2003-2008) (CRC, 2003 ; Csurhes & Markula, 2010). En Chine, l'équivalent de 72 millions de dollars américains ont été dépensé dans la gestion de cette espèce (Clements et al., 2014). |
Aspects positifs | D'après la bibliographie : L'herbe à alligator est utilisée pour la phytoremédiation des eaux polluées au plomb et au mercure (EPPO, 2015) et des eaux polluées par les effluents de teinture textile (Rane et al., 2015). |
Prévention | Éviter d'acheter cette espèce pour l'ornement des étangs, bassins et des aquariums. L'herbe à alligator est désormais inscrite sur le Règlement européen n°1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes, repris par arrêté ministériel du 14 février 2018 détaillant la liste des espèces animales et végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain. Il est ainsi interdit d'introduire cette espèce dans le milieu naturel, de l'utiliser, de la transporter, de la détenir, de l'échanger ou de la commercialiser. |
Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles | L'arrachage manuel des tiges et racines profondes peut être utilisé pour les petits peuplements (moins de 100 m²) ou les peuplements en mélange avec la flore indigène, en milieux aquatiques ou sur des berges exondées limoneuses, en veillant à ne pas laisser de fragments s'échapper. En effet, des précautions doivent être prises lors du prélèvement de la plante pour s'assurer que les sections de plantes cassées ne sont pas dispersées sur les équipements ou en aval du cours d'eau (Newman & Duenas, 2017). L'arrachage manuel peut nécessiter entre 4,5 à 10,5 personnes par heure et par mètre carré (Clements et al., 2014). Lorsque la population à gérer est supérieure à 100 m², des équipements mécaniques seront nécessaires, ce qui entraîne des coûts importants en termes d'achat, de transport, de main-d'œuvre et d'entretien. |
Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques |
La fauche des parties aériennes terrestres ou aquatiques (par un engin amphibie ou autre) sans mesure de protection (par exemple : pose de filets flottants autour de la station pour éviter la dispersion de fragments) est à proscrire. Néanmoins, pour les berges enrochées totalement envahies par l’espèce, cette méthode, couplée à la pose de filets de protection et à la pose d’une bâche opaque solidement amarrée à la berge peut-être utilisée pour parvenir à l'éradication de l’espèce. La bâche devra être posée sur plusieurs années (au moins 3 à 4 ans) (Cottaz et al., 2018 ; Terrin et al., 2019). L’excavation mécanique peu profonde peut être utilisée pour enlever la biomasse aérienne et une partie (voire la totalité) de la biomasse souterraine. Un traitement manuel est nécessaire pour enlever la biomasse souterraine restante et les fragments, souvent créés par l’intervention mécanique. À ce titre, l’efficacité des interventions purement mécaniques est diversement appréciée. • Pour procéder à une excavation légère, une éraflure initiale de 10 cm est effectuée pour permettre d'inspecter la profondeur des racines. Tous les fragments non retirés du sol repousseront. • Si de grandes quantités de matériel racinaire sont présentes, une nouvelle excavation peut être effectuée à une profondeur de 20 cm. Il n'est pas conseillé de creuser à des profondeurs plus importantes, tant en raison de l'énorme quantité de sols contaminés qui doivent ensuite être traités et éliminés que de la perturbation du site sur de grandes surfaces. • Cette excavation doit ensuite être suivie d’un traitement manuel des repousses environ trois semaines plus tard. • Le site devra être ensuite régulièrement inspecté la première année, puis une fois par an lors de la période de croissance. • Lors de cette opération, toutes les précautions devront être prises pour éviter toute dispersion de nouvelles plantes. À moins d'être suivie d'une repasse manuelle soigneuse visant à prélever les fragments de la plante issus des opérations de gestion, tout arrachage mécanique à la machine entraînera inévitablement sa fragmentation et sa propagation. |
Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques | En Australie, les herbicides utilisés contre l'herbe à alligator sont à base de glyphosate, de metsulfuron-méthyle ou de dichlobénil. Ils produisent de bons résultats à court ou moyen terme mais pas forcément sur le long terme, étant donné que les applications d'herbicides doivent être renouvellées 3 fois par an pendant 2 ou 3 ans et l'herbe à alligator a tendance à se fragmenter et se disperser après traitement (Clements et al., 2014). Attention! l’utilisation d’herbicides est interdite à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives. De plus, il est nécessaire de se tenir au courant de la législation en vigueur en matière d'utilisation de produits phytosanitaires : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/ |
Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques | Le scarabée Agasicles hygrophila, également originaire d'Amérique du Sud, a été introduit pour lutter contre l'herbe à alligator en Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis, Chine et Thaïlande. Cependant, celui-ci est efficace uniquement en milieux aquatiques : dans les habitats terrestres, il cause peu de dommages aux peuplements d'herbe à alligator à cause de la faible survie des larves et de la grande tolérance à l'herbivorie de l'herbe à alligator (Wei et al., 2014 ; EPPO, 2015). En Chine, la sauterelle indigène généraliste Atractomorpha sinensis semble pouvoir contrôler l'herbe à alligator plus efficacement que sa cousine indigène Althernanthera sessilis, et donc potentiellement limiter l'invasion de la plante exotique (Fan et al., 2013). Toujours en Chine, la compétition avec une graminée indigène, Hemarthria compressa, a été utlisée pour prévenir la propagation de l'herbe à alligator dans les zones non infestées (Liao et al., 2014). |
Autres méthodes de contrôle ou d’éradication | À Sorgues (département du Vaucluse, France), une expérimentation de gestion à visée d'éradication a été menée sur l’herbe à alligator par le CBNMed. Elle visait à évaluer l’efficacité de l’arrachage manuel et de l’arrachage manuel couplé à la pose d’une bâche opaque, dans un contexte d’herbiers enracinés dans un enrochement et sur une berge. |
Gestion des déchets | De grands volumes de matière végétale en décomposition laissés sur les berges des rivières sont inacceptables (risque de dissémination). Les produits d'arrachage doivent être évacués directement vers un site de valorisation (unité de compostage ou méthanisation) ou stockés temporairement en dehors de toute zone humide ou susceptible d'être inondée (sous réserve dans ce cas de l'obtention d'une dérogation au transport de l'espèce) en vue d'être ensuite valorisés. Pour le compostage, une température de 55°C et une exposition d’au moins 436 heures permettent d’assurer l’innocuité du compost (Dorahy et al., 2009). Pour la méthanisation, des expérimentations menées en Chine ont obtenu une production de 167 m3 de biogaz à partir de 2,591 kg de matière au bout de 83 jours de digestion anaérobique (rendement 0,33 m3/kg) (Zimu & Weidong, 2011) et assure l’innocuité du digestat (UICN France & OFB, 2022). Le brûlage des déchets secs sur place est possible mais nécessite une dérogation et doit être utilisé en dernier recours. |
Précautions | Poser des filets lors des travaux d'arrachage, et nettoyer le matériel pour éviter la dissémination des fragments. Une revégétalisation avec des plantes indigènes locales (cf. Végétal Local) est possible post-arrachage.
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Commentaires | Espèce végétale exotique envahissante sur le territoire métropolitain : - Règlement d'exécution 2017/1263 de la Commission du 12 juillet 2017 portant mise à jour de la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union établie par le règlement d'exécution (UE) 2016/1141 conformément au règlement (UE) no 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil. |
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Citation recommandée : CBNMed, 2021. Alternanthera philoxeroides [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr
Auteurs CBNMed : PS, MLB, PB, MH, KD, CC, ET, CS
Révision : 2021