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Amorpha fruticosa L., 1753


Nom(s) vernaculaire(s)Faux-indigo, Indigo du Bush, Amorphe buissonnante
FamilleFabaceae
OrigineAmérique du Nord
Date d’introductiondéb-XVIIIe (1724)

Statuts

Régions administratives
PACAOccitanieCorse
MajeureMajeure

Zones biogéographiques continentales
Sud-OuestPyrénéesMéd. Occ.Méd. PACAMassif CentralAlpine
AlertePréventionMajeureMajeureAlerteAbsente


Description

  • Port : arbustif. De nombreux rejets dressés partent de la base.

  • Feuilles : alternes, pétiolées et stipulées, de 10 à 30 cm de long, imparipennées. Elles sont composées de 5 à 18 paires de folioles ovales de 2 à 4 cm chacune, criblées de glandes visibles par transparence. Longues stipules noires.

  • Tiges : dépourvues d'épines.

  • Fleurs : disposées en grappes denses de 7 à 15 cm à l’extrémité des pousses de l’année. Fleurs pédonculées mesurant de 1 à 2 mm à corolles bleu-violacé, composées d’un pétale unique (étendard). Etamines à anthères jaune-orangé sortant de la corolle. Floraison d’avril à juin.

  • Fruits : gousses marron de 7 à 9 mm de long ponctuées de glandes, contenant une seule graine. Fructification de fin juillet à septembre, germination en mars.

  • Taille : jusqu'à 6 m de haut.

  • Confusions possibles : Amorpha fruticosa peut être confondu avec Robinia pseudoacacia (Fabacées), arbre ayant des tiges pourvues d'épines. Ses feuilles et ses fruits sont glabres et sans glandes, ses fleurs sont blanches et disposées en grappes pendantes. Il ressemble aussi à Sophora japonica dont les feuilles sont dépourvues de glandes.



Cartes

Répartition mailles 5 km et fréquence par départements

Altitudes
Biologie et écologie
MilieuxBerges et ripisylves ; Dunes côtières et plages de sable ; Milieux anthropiques
Type de reproduction / propagation

Amorpha fruticosa se reproduit principalement de façon sexuée. Il est pollinisé par les insectes. Les graines sont ensuite disséminées par les cours d'eau ou restent à proximité de la plante mère. Elles ont un fort pouvoir germinatif (plus de 80%). Cette espèce peut aussi se marcotter ou se bouturer à partir de fragments de la tige (AME, 2003).

Type(s) biologiqueNanophanérophyte

Phénologie
Floraison (mois)JFMAMJJASOND


Impacts et aspects positifs
Impacts écologiques

Local : En région PACA : Son impact est fort dans les ripisylves, les forêts alluviales (vallée rhodanienne) où il concurrence les semis d'espèces arborées. Dans les milieux plus ouverts il favorise les espèces rudérales nitrophiles et réduit l’occurrence des espèces annuelles des cours d'eau et des roselières.


D'après la bibliographie : Amorpha fruticosa est plutôt lié aux habitats anthropisés, mais il peut coloniser des milieux naturels moins perturbés. Il concurrence et peut remplacer la strate arbustive en place. Il forme des populations denses qui altèrent la structure de la végétation et concurrence les espèces indigènes (surtout en ripisylve). Il perturbe la régénération naturelle des forêts alluviales en concurrençant les semis d'arbres indigènes. Il pourrait entrainer une modification du régime hydraulique des cours d'eau et des processus d'érosion et de sédimentation le long des berges. Il produit une molécule, la roténone, qui est un insecticide naturel pouvant expliquer l'absence d'insectes phytophages près des stations envahies.


Impacts sanitaires

D'après la bibliographie : Aucun impact sanitaire connu actuellement.


Impacts sur les activités humaines

D'après la bibliographie : Amorpha fruticosa peut gêner l'entretien des berges de cours d'eau.


Aspects positifs

D'après la bibliographie : L'espèce est cultivée et plantée pour ses qualités ornementales, olfactives et de "fixation de talus". Grâce à son système racinaire étendu, elle est utilisée pour fixer les dunes, les talus et les berges. Elle est également appréciée pour former des haies. C'est une plante exploitée pour son caractère mellifère. Ses fruits entrent dans la composition de produits de parfumerie et de cosmétologie.



Gestion

Carte des actions réalisées

Méthodes de contrôle ou d’éradication
Prévention

Éviter de planter cette espèce.

Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles

L’arrachage manuel rapide des jeunes plants évite une colonisation trop importante par cette espèce. Il permet de gérer une station dans le cas d'une détection précoce (Roché & Halse, 1992). Il est cependant important de veiller à ne pas laisser de fragments du système racinaire dans le sol, ces derniers pouvant redonner naissance à de nouveaux plants (CNR, 2000).

Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques

Diverses techniques mécaniques sont utilisées : le broyage mécanique est la méthode la plus couramment utilisée par la Compagnie nationale du Rhône pour contenir l’espèce (CNR, 2000). Une seule coupe de la plante stimule des rejets à partir des bourgeons latéraux des racines et peut se traduire par une colonisation encore plus dense de la plante (Lapin & Nothnagle, 1995). Répétée fréquemment, cette méthode permet cependant d’affaiblir la plante en réduisant sa croissance et sa reproduction (Roché & Halse, 1992).

De plus, la Compagnie nationale du Rhône a expérimenté une méthode de lutte par fauches successives sur les berges du Rhône. Cette méthode est également utilisée avec succès pour contenir l'espèce dans le Parc naturel de Lonjsko Polje en Croatie, après l'élimination des plus vieux individus (ligneux) au printemps (Seibold & Fischer, 2013).

Une autre technique testée près d’Avignon consiste à décaper les limons en place au motoculteur avant de procéder à un semis de fétuque à haute densité pour limiter la reprise. Cette technique couplant arrachage mécanique/semis a permis d'éviter la propagation de l’espèce sans l’éradiquer pour autant (CNR, 2000).

Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques

Il existe certains retours d'expérience connus qui se sont révélés assez efficaces pour gérer cette espèce, comme la pulvérisation systémique d’herbicides sur le feuillage ou sur les tiges coupées (Lapin & Nothnagle, 1995 ; Dinger et al., 2000). Attention! l’utilisation d’herbicides est interdite à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives. De plus, il est nécessaire de se tenir au courant de la législation en vigueur en matière d'utilisation de produits phytosanitaires : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/

Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques

Des travaux conduits à Platte River aux États-Unis montrent que les populations peuvent être réduites temporairement par un pâturage modéré voire intense, mais cette méthode reste limitée du fait de la faible appétence de la plante. En associant cette méthode à une technique de fauche et de brûlage, l’espèce pourrait être contrôlée. Dans le Parc naturel de Lonjsko Polje en Croatie, le pâturage a donné de bons résultats, sans permettre l'éradication de l'espèce (Seibold & Fischer, 2013).

Aucun agent de lutte biologique n'est actuellement disponible (Evans et al., 2003). Cependant, une bruche originaire d'Amérique du Nord, Acanthoscelides pallidipennis, pourrait être un agent potentiel de lutte biologique (Boe & Johnson, 2008 ; Gagic-serdar et al., 2013). Cette espèce serait déjà présente en France (Ponel et al., 2013).

 

Méthodes inefficaces ou inappropriées

Dans le cas d’envahissements en milieu dunaire, les interventions sur cette espèce impliquent un plan de gestion. Amorpha fruticosa a un rôle fixateur et son arrachage entraînerait immanquablement une érosion voire une destabilisation de la dune.

Attention, le broyage mécanique non répété provoque une accélération de la multiplication végétative et favorise donc l'expansion de la plante.

Concernant l'utilisation de techniques telles que le pâturage (peu d’appétence), le brûlage et le fauchage, la réduction de la population n’est que temporaire.

L’utilisation d’herbicides est interdite en milieux aquatiques et à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage à cause des effets induits sur les écosystèmes aquatiques et sur la santé humaine. Depuis 2009, il n'existe plus aucun produit phytosanitaire homologué pour les milieux aquatiques.

Gestion des déchets

Les déchets peuvent être incinérés.

Précautions

Veiller à ne laisser aucun fragments d'Amorpha fruticosa au sol lors des interventions.

Commentaires

Espèce soumise à règlementation agricole : arrêté du 13 juillet 2010 relatif aux règles de bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE).


Sources bibliographiques

AME & CBNMed, 2003. Plantes envahissantes de la région méditerranéenne. Agence méditerranéenne de l'environnement. Agence régionale pour l'environnement PACA. 48 p.

Boe A., & Johnson P. J., 2008. Seed predation by Acanthoscelides submuticus and A. pallidipennis (Coleoptera: Bruchidae) in false indigo in the northern great plains. In: Proceedings of the South Dakota Academy of Science, 87: 223-227.

CDR-EEE, 2016. Amorpha fruticosa. Base d’information sur les invasions biologiques en milieux aquatiques. Centre de ressources Espèces exotiques envahissantes. UICN France et Office français de la biodiversité. Disponible sur : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/espece/amorpha-fruticosa/ (page consultée le 15/11/2018)

CNR, 2000. Expérimentation de lutte contre Amorpha fruticosa : écologie d’Amorpha fruticosa sur le Rhône aménagé et ses annexes fluviales. Rapport d’étude de la Compagnie nationale du Rhône, Lyon, 31 p.

Dinger F., Pénelon L. & Tardif P., 2000a. Étude expérimentale sur les méthodes de contrôles d’une plante envahissante : Amorpha fruticosa. Potentialités reproductives de l’espèce, essais de traitement chimiques par le glyphosate en conditions contrôlées. Rapport d’étude du Cemagref, Saint Martin d’Hyères, 44 p.

Dinger F., Pénelon L. & Tardif P., 2000b. Étude expérimentale de la germination des potentialités de bouturage et de la dynamique racinaire d’Amorpha fruticosa. Rapport d’étude. Rapport d’étude du Cemagref, Saint Martin d’Hyères, 29 p.

Evans J.R. Nugent J.J. & Meisel J.K., 2003. Invasive plant species, inventory and management. Plan for the Hanford Reach National Monument. The Nature Conservancy, Washington Field Office, 158 p.

FCBN, 2010. Amorpha fruticosa L. Fédération des Conservatoires botaniques nationaux, 5 p. Disponible sur : http://www.fcbn.fr/sites/fcbn.fr/files/ressource_telechargeable/fiche_amorpha_fruticosa_sr.pdf (page consultée le 15/11/2018)

Fried G., 2012. Guide des plantes invasives. Belin, Paris. 272 p.

Gagić-Serdar R., Poduška Z., Đorđević I., Češljar G., Bilibajkić S., Rakonjac L. & Nevenić R., 2013. Suppression of indigo bush with pod pests. Archives of Biological Sciences, 65(2): 801-806.

Lapin B. & Nothnagle P., 1995. Control of false indigo Amorpha fruticosa a non native plant, in riparian areas in Connecticut Natural Areas Journal, 15: 279. In: Evans J.R., Nugent J.J., Meisel J.K. 2003. Invasive plant species, inventory and management. Plan for the Hanford Reach National Monument. The Nature Conservancy, Washington Field Office, 158 p.

Muller S. (coord), 2004. Plantes invasives en France : état des connaissances et propositions d'actions. Collections Patrimoines Naturels (Vol. 62), Publications Scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle, Paris. 168 p.

Ponel P., Lemaire J. M. & Delobel A., 2013. Une Bruche nouvelle pour la faune de France et de la Principauté de Monaco: Acanthoscelides pallidipennis (Motschulsky 1873) (Coleoptera Bruchidae). L'Entomologiste, 69(2): 83-85.

Roché C.T. & Halse R.R., 1992. Indigobush (Amorpha fruticosa L.). Pacific Northwest Extension Publication PNW430. In: Evans J.R., Nugent J.J., Meisel J.K. 2003. Invasive plant species, inventory and management. Plan for the Hanford Reach National Monument. The Nature Conservancy, Washington Field Office, 158 p.

Seibold S., & Fischer A., 2013. Suppression of alien invasive species by traditional land use forms: Amorpha fruticosa L. in the Croatian nature park Lonjsko Polje. Sauteria, 20: 265-276

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Citation recommandée : CBNMed, 2021.
Amorpha fruticosa [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr

Auteurs CBNMed : EK, LF, KD, MH, CC, CS

Révision : 2021



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