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Azolla filiculoides Lam., 1783


Nom(s) vernaculaire(s)Azolla fausse-fougère, Azolla fausse-filicule, Fougère d'eau
FamilleSalviniaceae
OrigineAmérique du Nord
Date d’introductionfin-XIXe (1880)

Statuts

Régions administratives
PACAOccitanieCorse
ModéréeEmergenteEmergente

Zones biogéographiques continentales
Sud-OuestPyrénéesMéd. Occ.Méd. PACAMassif CentralAlpine
EmergenteAbsenteEmergenteEmergenteEmergentePrévention


Description

  • Port : petite fougère aquatique flottante, annuelle voire vivace, formant des tapis denses à la surface de l'eau, de couleur vert bleuté à rougeâtre, ou rouge lie-de-vin lorsqu'elle est exposé à un fort ensoleillement ou en hiver.
  • Feuilles : frondes alternes, petites, imbriquées les unes sur les autres en recouvrant la tige comme des écailles. Longues de 0,5 à 1,5 mm.

  • Tige : axes courts et ramifiés.

  • Reproduction : les spores sont émises entre mars et août. Fructification globuleuse de 1 à 2 mm, située sous le lobe inférieur de la première feuille de chaque rameau.

  • Taille : 1 à 5 cm.

  • Confusion possible : avec Azolla mexicana, absente de France. Par observation microscopique elle se distingue par les poils du lobe supérieur des feuilles contenant 2 cellules ou plus, alors que A. filiculoides n'a qu'une seule cellule.



Cartes

Répartition mailles 5 km et fréquence par départements

Altitudes
Biologie et écologie
MilieuxEaux courantes ou stagnantes
Type de reproduction / propagation

L'azolla fausse-fougère est une plante monoïque à sporulation automnale. La reproduction sexuée est rare, elle se reproduit principalement par voie végétative à partir de la fragmentation des tiges. Ces fragments sont ensuite disséminés par l'eau, par les animaux (oiseaux d'eau mais aussi petits mammifères, amphibiens et bétail) et par l'homme (nettoyage d'aquariums, activités nautiques...).

Type(s) biologiqueHydrophyte nageant

Phénologie
Floraison (mois)JFMAMJJASOND


Impacts et aspects positifs
Impacts écologiques

D'après la bibliographie : L'azolla fausse-fougère forme des peuplements denses qui appauvrissent la faune et la flore aquatiques. Les tapis flottants à la surface de l'eau réduisent l'intensité lumineuse, ce qui empêche la photosynthèse des plantes submergées et les impacte directement. Cette espèce, en forte densité, entraine aussi un blocage des échanges gazeux (anoxie), limite le réchauffement de l'eau et favorise l'accumulation de matière organique (eutrophisation). L'anoxie des plans d'eau peut provoquer des mortalités importantes des poissons et d'autres espèces animales.


Impacts sanitaires

D'après la bibliographie : L'azolla fausse-fougère induit une baisse de la qualité de l'eau potable en Afrique du Sud. Elle peut engendrer une intoxication du bétail, si ingestion.


Impacts sur les activités humaines

D'après la bibliographie : L'azolla fausse-fougère peut colmater les ouvrages hydrauliques, obstruer les pompes d'irrigation et gêner l'écoulement de l'eau, la navigation, la pêche et la baignade. L'anoxie, pouvant provoquer d'importantes mortalités de poissons, peut entraver la production piscicole et la pêche. Les tapis denses à la surface de l'eau, semblables aux zones pâturées, peut entrainer parfois la chute du bétail dans l'eau. Enfin, l'espèce participe à la réduction de la qualité de l'eau pour la riziculture.


Aspects positifs

D'après la bibliographie : Plusieurs usages de l'azolla fausse-fougère sont répertoriés, mais non référencés en France : elle peut être utilisée comme engrais vert (notamment dans les rizières) car l'espèce vit en association avec une cyanobactérie Anabaena azollae qui l'aide à fixer son azote ; l'espèce peut servir d'aliment pour le bétail, les volailles et surtout les poissons ; elle peut servir à traiter les effluents des teintures textiles, des métaux lourds et des eaux riches en nutriments ; produire du biogaz ou encore participer au contrôle des populations de moustiques dans certains pays.



Gestion

Carte des actions réalisées

Méthodes de contrôle ou d’éradication
Prévention

Éviter de l'introduire dans le milieu naturel.

Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles

Une gestion manuelle peut être réalisée en prélevant le tapis à l’aide de filets. Toutefois, des mesures doivent être prises pour limiter la dispersion des fragments. La plante a en effet un rythme de croissance très rapide, la surface d'eau colonisée peut doubler en moins de 7 jours (Lumpkin & Plucknett, 1982). Cette technique est donc très délicate et au vue de la difficulté du travail, la technique n’est préconisée que pour les populations de faible superficie (FCBN, 2012).

Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques

L'azolla fausse-fougère est difficile à contrôler mécaniquement du fait de sa petite taille.

Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques

L’utilisation d’herbicides est interdite dans les milieux aquatiques (à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage) et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives.

Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques

En 1997, le coléoptère Stenopelmus rufinasus Gyllenhal (Curculionidae) importé de Floride (États-Unis) a été introduit comme agent de lutte biologique contre l’azolla fausse-fougère en Afrique du Sud. Cinq ans après l’introduction du coléoptère, la plante ne constituait plus une menace pour les systèmes aquatiques de ce pays. En comparaison avec les autres programmes de lutte biologique d’espèces aquatiques exotiques envahissantes, ce programme fait partie des plus réussis dans le monde entier (Hill, 1998; Hill & Cilliers, 1999; McConnachie et al., 2004; Gassmann et al., 2006). Cette espèce a été introduite accidentellement en France et est présente en région méditerranéenne.

Une expérimentation similaire de contrôle biologique de l'azolle fausse-fougère a été réalisée en Grande Bretagne, Belgique et Pays-Bas entre 2011 et 2014 (Sarat, 2018). 15 sites envahis ont été sélectionnés (entre ces trois pays). Sur certains sites, le charançon Stenopelmus rufinasus était déjà présent et pour les autres sites, des individus de ce charançon ont été relâchés. Les résultats ont montrés que sur l'ensemble des sites suivis la présence du charançon entraine une diminution de l’azolle fausse-fougère.  Dans plus de la moitié des cas, l’azolle fausse-fougère a complètement disparu.

Des recherches ont actuellement lieu en Iran concernant la pyrale Diasemiopsis ramburialis (Duponchel) (Lepidoptera, Pyralidae s.l., Spilomelinae) comme moyen de lutte biologique contre l'azolla fausse-fougère (Farahpour-Haghani et al., 2016).

Méthodes inefficaces ou inappropriées

Le contrôle par la carpe chinoise (Ctenopharingodon idella) est à proscrire : il est interdit d’introduire cette espèce en milieu naturel.

Gestion des déchets

Dans de nombreux pays (notamment asiatiques), l'azolla fausse-fougère est utilisée comme engrais car elle contient beaucoup d’azote (entre 2 et 6 % du poids sec de la plante).

Commentaires

Une renaturation du milieu (notamment par l’accélération des vitesses de courant) est à envisager afin de rendre la gestion de l'espèce efficace et durable.

Espèce soumise à règlementation agricole : arrêté du 13 juillet 2010 relatif aux règles de bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE).


Sources bibliographiques

ARPE & CBNMed, 2009. Plantes Envahissantes - Guide d'identification des principales espèces aquatiques et de berges en Provence et Languedoc. Agence régionale pour l'environnement PACA et Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles, 112 p.

OFB & UICN France, 2017. Azolla filliculoides [en ligne]. Base d’information sur les invasions biologiques en milieux aquatiques. Centre de ressources Espèces exotiques envahissantes. UICN France et Office français de la biodiversité. Disponible sur : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/espece/azolla-filiculoides/ (page consultée le 19/10/2017).

CEH, 2004. Information Sheet 22: Azolla filiculoides Water fern. Centre for Aquatic Plant Management, Centre for Ecology & Hydrology, Crowmarsh Gifford, Wallingford, Oxon, 2 p.

Farahpour-Haghani A., Jalaeian M. & Landry B., 2016. Diasemiopsis ramburialis (Duponchel) (Lepidoptera, Pyralidae s.l., Spilomelinae) in Iran: first record for the country and first host plant report on water fern (Azolla filiculoides Lam., Azollaceae). Nota Lepi. 39: 1–11.

FCBN, 2012. Azolla filiculoides Lam [en ligne]. Fédération des Conservatoires botanique nationaux. 5 p. Disponible sur : http://www.fcbn.fr/sites/fcbn.fr/files/ressource_telechargeable/fiche_azolla_filiculoides_v2.pdf

Fried G., 2012. Guide des plantes invasives. Belin, Paris. 272 p.

Gassmann A., Cock M. J. W., Shaw R. & Evan H. C., 2006. The potential for biological control of invasive alien aquatic weeds in Europe: a review. Hydrobiologia, 570: 217-222.

Gobierno de Espana, 2013. Azolla spp. [en ligne]. Disponible sur : https://www.miteco.gob.es/es/biodiversidad/temas/conservacion-de-especies/azolla_spp_2013_tcm30-69812.pdf (page consultée le 12/04/2021)

Hill M.P., 1998. Life history and laboratory host range of Stenopelmus rufinasus, a natural enemy for Azolla filiculoides in South Africa. BioControl, 43: 215-224.

Hill M. P. & Cilliers C. J., 1999. Azolla filiculoides Lamarck (Pteridophyta: Azollaceae), its status in South Africa and control. Hydrobiologia, 415: 203-206.

Invabio, 2010. Azolla filiculoides (Lam., 1783) l'Azolla fausse-fougère [En ligne]. Groupement de recherche Invasions biologiques. Disponible sur : http://www.invabio.fr/ (Page consultée le 31 mai 2016).

Invasoras, 2020. Azolla filiculoides [en ligne]. Programme européen. Disponible sur : https://invasoras.pt/pt/planta-invasora/azolla-filiculoides (page consultée le 12/04/2021)

McConnachie A. J., Wit M. P., Hill M. P. & Byrne M. J., 2003. Economic evaluation of the successful biological control of Azolla filiculoides in South Africa. Biological Control, 28: 25-32.

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Mouronval J. B. & Baudouin S., 2010. Plantes aquatiques de Camargue et de Crau. Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, Paris. 120 p.

Muller S. (coord.), 2004. Plantes invasives en France : état des connaissances et propositions d'actions. Collections Patrimoines Naturels (Vol. 62), Publications Scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle, Paris. 168 p.

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Saliou P. & Henroux F., 2003. Petit guide de quelques plantes invasives aquatiques et autres du nord de la France. Conservatoire botanique national de Bailleuil & Centre Régional de Phytosociologie. 28 p.

Sarat E., Blottière D., Dutartre A., Poulet N., Soubeyran Y., 2018. Les espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques : connaissances pratiques et expériences de gestion (bis). Volume 3 - Expériences de gestion. Onema. Collection Comprendre pour agir. 212 pages

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Zazouli M.-A., Balarak D. & Mahdavi Y., 2013. Effect of Azolla filiculoides on removal of reactive red 198 in aqueous solution. J Adv Environ Health Res. 1: 44-50.

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Citation recommandée : CBNMed, 2021. Azolla filiculoides [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr

Auteurs CBNMed : MR, LF, MLB, MH, KD, CC, CS

Révision : 2021



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