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Datura stramonium L., 1753


Nom(s) vernaculaire(s)Datura stramoine, Stramoine commune, Herbe à la taupe, Datura officinal
FamilleSolanaceae
OrigineAmérique du Sud
Date d’introductionNon connue

Statuts

Régions administratives
PACAOccitanieCorse
ModéréeModéréeModérée

Zones biogéographiques continentales
Sud-OuestPyrénéesMéd. Occ.Méd. PACAMassif CentralAlpine
MajeureModéréeModéréeModéréeMajeureAlerte


Description

  • Port : plante annuelle très robuste, se ramifiant en parasol. Développement estival (germination au début de l'été).

  • Feuilles : feuilles ovales, vert foncé, à odeur désagréable, et à dents inégales, les plus grandes généralement acuminées.

  • Tiges : tige robuste, creuse, glabre, verte à violacée, ramifiée de manière dichotomique. Racines peu profondes, très ramifiées. Parfois une racine pivot peut se développer.

  • Fleurs : fleurs blanc pur à mauve, tubulaires, 5-12 cm de long, solitaires, à l'aisselle des feuilles. Floraison de juin à octobre.

  • Fruits : capsules ovoïdes, dressées, de 2-5 cm de diamètre, à épines denses ou rarement sans épines, les plus grandes moins longues que le demi-diamètre (jusqu'à 15 mm de long), dépassant rarement 3 mm de diamètre à la base. Elles s'ouvrent en 4 segments et contiennent 600 à 700 graines brun foncé à noires de 3-4 mm de long. Fructification à partir du mois de septembre.

  • Taille : jusqu'à 1 m de haut et 1 m de large, voire un peu plus.

  • Confusions possibles : avec les autres espèces de datura. Datura stramonium et Datura ferox ont des fleurs relativement petites (jusqu'à 12 cm de long), et des capsules dressées ; tandis que Datura innoxia et Datura wrightii ont des fleurs plus grandes (plus de 12 cm de long) et des capsules penchées. Datura stramonium se distingue de Datura ferox par sa capsule à épines plus petites et plus nombreuses (jusqu'à 60 pour Datura ferox, plus de 100 pour Datura stramonium), et ses fleurs plus grandes (jusqu'à 6 cm pour Datura ferox, plus 5 cm pour Datura stramonium).



Cartes

Répartition mailles 5 km et fréquence par départements

Altitudes
Biologie et écologie
MilieuxBerges et ripisylves ; Milieux agricoles ; Milieux anthropiques
Type de reproduction / propagation

Le datura stramoine se reproduit uniquement par graines. Dans de bonnes conditions, un individu peut produire plus de 50 capsules et donc plus 30 000 graines par an, qui sont viables pendant 40 ans dans le sol. Il est fortement auto-compatible. La pollinisation des daturas est réalisée par les insectes, et notamment par des sphinx dans l'aire naturelle de répartition du datura stramoine. Cependant, des expériences réalisées dans son aire d'introduction (Afrique du Sud, Amérique du Nord, Espagne) montrent que le datura stramoine, bien que visité par des abeilles, se reproduit dans 98% des cas par auto-fertilisation. Ses graines sont dispersées mécaniquement (l'ouverture des capsules sèches provoque la dispersion des graines sur une distance de 1 à 3 m, un processus favorisé par les perturbations humaines agricoles), par l'eau (les capsules et les graines flottent) et par l'homme (par les semences agricoles contaminées, les machines, les véhicules, etc.).

Type(s) biologiqueThérophyte

Phénologie
Floraison (mois)JFMAMJJASOND


Impacts et aspects positifs
Impacts écologiques

D'après la bibliographie : Dans certains pays (ex. Australie, Portugal, Croatie, Inde) le datura stramoine peut envahir des milieux naturels ou semi-naturels, où il entre en compétition avec la végétation indigène, notamment pour la lumière. De plus, il a des effets allélopathiques empêchant la germination de plantes indigènes en contact avec l'espèce (Invasoras, 2020).


Impacts sanitaires

D'après la bibliographie : Comme la plupart des Solanacées, le datura stramoine est très toxique pour les humains et les animaux. Toutes les parties de la plante et les graines contiennent des alcaloïdes toxiques (hyoscyamine, scopolamine, atropine). De nombreux cas d'empoisonnements au datura (par ingestion) ont été rapportés à travers le monde. Parfois involontaire, le risque d'ingestion le plus fréquent se présente dans les cultures maraichères, dont les grandes cultures de haricots pour la conserverie (Fried, 2017). Les cas les plus graves rapportent des situations de coma profond et exceptionnellement de décès (Vuillemenot, 2022).

Pour en savoir plus : https://plantes-risque.info/plantes/datura-stramoine/


Impacts sur les activités humaines

D'après la bibliographie : Le datura stramoine est une adventice agressive des cultures. Il est considéré comme une mauvaise herbe pour plus de 40 cultures dans près de 100 pays (ex. ananas, banane, betterave, blé, canne à sucre, coton, haricot, luzerne, maïs, manioc, orge, petit pois, poivron, pomme de terre, soja, sorgho, tabac, tomate, vigne, etc.) ainsi que pour les pâturages. Aux États-Unis, il entraine une perte rendement de 56% pour le coton, 15 à 45% pour le soja, et 26 à 51% pour les tomates ; en Espagne, il entraine une perte de 56% pour le maïs. En France, dans les cultures estivales (maïs, tournesol, soja) et dans les cultures maraichères, Datura stramonium est une adventice concurrentielle dont le développement végétatif important et sa résistance aux herbicides peuvent rendre cette espèce problématique dans certains contexte (Vuillemenot, 2022).

Des cas d'intoxications chez les animaux sont assez rares, car l'espèce semblerait non appétente (odeur, saveur dissuasive) et cela ne concernerait quasiment que des herbivores ayant consommé des fourrages et grains contaminés par des graines de Datura stramonium (Vuillemenot, 2022).


Aspects positifs

D'après la bibliographie : Les espèces de datura sont largement utilisées à travers le monde dans la médecine traditionnelle, en pharmacologie et dans les rituels chamaniques. Les extraits de datura peuvent également être utilisés comme herbicides naturels. Les alcaloïdes contenus dans cette plante ont été exploités comme stupéfiants en raison de leur capacité à placer les personnes consommatrices dans un état second (Vuillemenot, 2022).



Gestion

Carte des actions réalisées

Méthodes de contrôle ou d’éradication
Prévention

Éviter de planter les datura, faire attention à la provenance des semences agricoles.

Méthodes de contrôle ou d’éradication manuelles

Les plantes isolées et les petites stations peuvent être arrachées manuellement avant qu'elles ne produisent des graines. Pour les substrats compacts, l'arrachage doit préférentiellement être réalisé après les pluies, ce qui facilite l'enlèvement de tout le système racinaire.

Méthodes de contrôle ou d’éradication mécaniques

Le labour et le binage sont pratiqués dans les cultures pour contrôler le datura stramoine au stade plantule. Il est souvent nécessaire d'intervenir à plusieurs reprises, et d'avoir une culture vigoureuse pour limiter la concurrence des levées consécutives à la dernière intervention. Cette méthode est beaucoup moins efficace sur les plantes matures, les tiges devenant ligneuses et les racines n’étant plus entièrement détruites.

La rotation des cultures est préconisée pour éviter de replanter des cultures à risques (sarrasin, tournesol) ainsi que l’alternance des cultures de printemps et d’été.

L'association Polleniz préconise, pour les grandes superficies colonisées, le fauchage mécanique le plus ras possible, ce qui permet de stopper le cycle végétatif de la plante (Polleniz, 2019).

Méthodes de contrôle ou d’éradication chimiques

D'après la bibliographie, le datura stramoine serait sensible à de nombreux herbicides (acifluorfen, bentazone, atrazine, cyanazine, simazine, bromoxanil, dicamba, metolachlor, 2,4-D, imazethapyr, clomazone, rimsulfuron, metribuzin, glyphosate, etc.). Cependant ceux-ci ne suffisent pas, seuls, à éliminer l'espèce (qui peut notamment être résistante à certains herbicides).

Plus d'informations : http://www.infloweb.fr/datura-stramoine

Attention! l’utilisation d’herbicides est interdite à moins de 5 m d’un cours d’eau ou d’une zone de captage et inappropriée en sites naturels. Les méthodes de lutte chimique ont des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine : il est indispensable de privilégier des méthodes alternatives. De plus, il est nécessaire de se tenir au courant de la législation en vigueur en matière d'utilisation de produits phytosanitaires : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/

Méthodes de contrôle ou d’éradication biologiques ou écologiques

Le datura stramoine est un hôte de nombreux pathogènes et virus affectant les Solanacées. La lutte biologique par les champignons Alternaria alternata ou Alternaria crassa a été utilisée en Australie et aux États-Unis.

Méthodes inefficaces ou inappropriées

La herse étrille et la houe rotative sont souvent peu efficaces ou d'un niveau de performance très aléatoire. Les levées très échelonnées du datura stramoine et sa capacité à germer en profondeur mettent souvent les outils mécaniques en défaut. Le labour après les récoltes est à éviter, car il favorise la survie des graines (qui se décomposent moins bien une fois enterrées).

Gestion des déchets

Les pieds arrachés ne doivent surtout pas être compostés. Il est possible, hors période de fructification et si le site en gestion le permet, de regrouper les résidus de gestion sur un tas spécial dans un endroit isolé en attendant leur dégradation (Polleniz, 2019).

En période de fructification ou sur les sites envahis présentant une banque de graines importante dans le sol, les plantes arrachées doivent être exportées avec précaution en dehors du site et brûlées pour éviter la dissémination des graines. L'incinération ne doit pas être artisanale car la fumée produite serait hallucinogène et toxique (OFB & UICN, 2021).

Précautions

Le datura stramoine produit beaucoup de graines, il faut donc impérativement réaliser les opérations de contrôle avant la maturation des fruits.

La banque de graines du sol étant très longévive, une vérification du matériel est à effectuer avant de quitter les sites où elle est présente pour ne pas propager l'espèce.

Commentaires

Dans l'État du Queensland en Australie, il est interdit de vendre des graines contaminées par Datura stramonium ou Datura ferox.


Sources bibliographiques

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Brust G.E., House G.J., 1988. Weed seed destruction by arthropods and rodents in low-input soybean agroecosystems. American Journal of Alternative Agriculture, 3(1):19-25

Cantoreggi M., Jeruzalski O., Muller S., Lacquement G., Lamand F., 2015. Datura : Datura stramonium (Linnaeus, 1753). Office national de l'eau et des milieux aquatiques, GT-IBMA (Groupe de travail Invasions biologiques en milieux aquatiques). Disponible sur : http://www.gt-ibma.eu/wp-content/uploads/2015/04/Datura-stramonium_Datura-stramoine.pdf (page consultée le 07/02/18)

Chandra Sekar K., 2012. Invasive Alien Plants of Indian Himalayan Region - Diversity and Implication. American Journal of Plant Sciences, 3: 177-184.

Fried G., 2012. Guide des plantes invasives. Belin, Paris. 272 p.

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Invasoras, 2020. Datura stramonium (jimsonweed) [en ligne]. Disponible sur : https://invasoras.pt/pt/planta-invasora/datura-stramonium (page consultée le 22/04/2021)

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OFB & UICN France, 2020. Datura stramonium [en ligne]. Base d’information sur les espèces exotiques envahissantes. Centre de ressources Espèces exotiques envahissantes. UICN France et Office français de la biodiversité. Disponible sur : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/espece/datura-stramonium/ (page consultée le 22/04/2021)

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Polleniz, 2019. Gérer le Datura stramoine dans les jardins et les espaces végétalisés [en ligne]. Protéger le végétal et notre environnement. Association Polleniz. Disponible sur : https://polleniz.fr/2019/07/23/gerer-le-datura-stramoine-dans-les-jardins-et-les-espaces-vegetalises/ (page consultée le 22/04/2021)

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Vuillemenot M., 2022. État des lieux des espèces végétales exotiques envahissantes ou potentiellement envahissantes problématiques pour la santé humaine en Franche-Comté (hors ambroisies) [en ligne]. Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional de invertébrés, 27 p. + annexes. Disponibe sur : http://cbnfc-ori.org/sites/cbnfc-ori.org/files/documentaton/files/471_rapport_eee_enjeu_sanitaire_2022_web_0.pdf

Vuković N., Bernardić A., Nikolić T., Hršak V., Plazibat M., Jelaska S.D., 2010. Analysis and distributional patterns of the invasive flora in a protected mountain area - a case study of Medvednica Nature Park (Croatia). Acta Societatis Botanicorum Poloniae, 79: 285-294.

Weaver S.E., Warwick S.I., 1984. Datura stramonium L. The biology of Canadian weeds. Canadian Journal of Plant Science, 64:979-991.

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Citation recommandée : CBNMed, 2021. Datura stramonium [en ligne]. INVMED-Flore, plateforme sur les invasions biologiques végétales. Conservatoire botanique national méditerranéen et Conservatoire botanique national de Corse. Disponible sur : http://www.invmed.fr

Auteurs CBNMed : PS, MR, MLB, KD, MH, CC, CS
Révision : 2022



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