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Arrachage des griffes de sorcière de l'île de Bagaud, Parc national de Port-Cros (Var)

Carpobrotus edulis (L.) N.E.Br., 1926

Type d'actionTravaux (Éradication)
Année1998
Nom du siteÎle de Bagaud, archipel de Port-Cros (Hyères, Var)
Structure piloteParc national de Port-Cros
RéférentABOUCAYA Annie
Financeur(s)Fondation Total / Ministère en charge de l'écologie / Parc national de Port-Cros / Union Européenne
Partenaire(s)Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles / Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Ecologie marine et continentale

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Description

L’île de Bagaud est un site soustrait à l’impact anthropique direct grâce à son statut de réserve intégrale de parc national. Dans le cadre d’un programme décennal (2010-2019) alliant restauration écologique à grande échelle et suivis globaux de la biodiversité (végétation, arthropodes, vertébrés), des opérations de contrôle d’espèces exotiques envahissantes préjudiciables pour les espèces patrimoniales identifiées sur site ont été mises en place. Ces actions visent deux espèces : le rat noir (Rattus rattus) et les griffes de sorcière (Carpobrotus spp.).

Le rat, introduit dans le bassin méditerranéen il y a près de 2000 ans, participerait entre autres au déclin des populations méditerranéennes déjà menacées du puffin yelkouan.

Les griffes de sorcière sont des espèces végétales originaires d’Afrique, participant à une uniformisation des milieux et pouvant se révéler problématiques pour des populations d’espèces patrimoniales.

L’île de Bagaud abrite une dizaine de taxons végétaux patrimoniaux comme la romulée de Florent (Romulea florentii), espèce « vulnérable » et endémique des îles d’Hyères et du littoral varois ou encore la fumeterre bicolore (Fumaria bicolor), espèce insulaire ouest-méditerranéenne à répartition fragmentée, classée à enjeu patrimonial « fort » suivant la hiérarchisation des enjeux floristiques de la région PACA. D’autres taxons présentant un intérêt patrimonial ont été recensés sur l’île de Bagaud : la germandrée des chats (Teucrium marum), espèce endémique tyrrhénienne, le crépis faux liondent (Crepis leontodontoides), espèce des péninsules et îles centro-méditerranéenne, le gaillet nain (Galium minutulum), espèce insulaire nord-ouest méditerranéenne protégée et « vulnérable », le genêt à feuilles de lin (Genista linifolia), aussi protégé et considéré « vulnérable » selon l’Union international pour la conservation de la nature (UICN), l’orobanche sanguine (Orobanche sanguinea), espèce connue comme parasite du lotier faux cytise (Lotus cytisoides), qui se trouve être très rare sur le continent et « vulnérable » en PACA. Il est aussi observé le statice nain (Limonium pseudominutum) endémique de Provence et protégé au niveau national ou encore le lis maritime (Pancratium maritimum), espèce méditerranéo-atlantique fortement menacée.

Les « griffes de sorcière » (Carpobrotus spp.) colonisaient environ 2 hectares impactant particulièrement les falaises, la végétation côtière (Crithmo-Lotetum cytisoidis Mol. Re. 1937) et le matorral bas, milieux propices à l’installation de stations de romulées de Florent ou de lis maritimes, par exemple.

La méthode choisie pour l’éradication des griffes de sorcière est l’arrachage manuel. Ce type de traitement implique d’extraire les rameaux lignifiés et la litière riche en graines afin de faciliter la recolonisation par les communautés végétales indigènes. La biomasse extraite de Bagaud est compostée sur place en raison de son volume estimé à 40 tonnes, de la difficulté d’accès du site et pour éviter un piétinement trop important et la dissémination involontaire de graines. La confection d’andains à partir des griffes de sorcière arrachées est utilisée pour créer un rempart contre l’érosion dans les zones de faible pente. L’opération d’éradication intervient en dehors de la période d’activité biologique des espèces indigènes (soit en automne-hiver). L’opération initiale d’arrachage s’est effectuée en deux phases réparties sur deux années consécutives : la phase n°1 = éradication en situation accessible (1.1 ha), fin 2011 par une entreprise généraliste (PMS Multiservices). La phase n°2 = éradication en situation de falaise (0.8 ha), entre octobre 2012 et janvier 2013, par une entreprise spécialisée dans les travaux à la verticale (MV2).

La banque de graines étant persistante, il a été décidé d’effectuer un biocontrôle (avec arrachage exhaustif des germinations et individus adultes sur des stations de suivi) jusqu’à épuisement de la banque de graines, avec un passage annualisé à l’automne.


Sources bibliographiques

- Cottaz C., Aboucaya A., Krebs E., Passetti A. & Buisson E. (2020). Programme de restauration écologique de la réserve intégrale de l’île de Bagaud, Parc national de Port-Cros. Synthèse des activités et résultats du programme décennal - Phase 2010-2019. Version synthétique. Rapport du Parc national de Port-Cros et du Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles, 139 p + annexes.
- D'Onofrio P. & Crouzet N. (2003). Végétaux introduits sur l'île de Port-Cros. Rapport Parc national de Port-Cros, 16p.
- Buisson E., Braschi J., Chenot-Lescure J., Hess M., Vidaller C., Pavon D., Ramone H., Amy-Krebs E., Cottaz C., Passetti A., Aboucaya A. & Affre L. (2020). Native plant community recovery after Carpobrotus (iceplant) removal on an island - results of a 10-year project. Applied Vegetation Science 24(1): (2020)