[PACA] Étude, suivi et tests d'éradication du mimule tacheté afin de mettre en place un plan de gestion local de cette EVEE

Dans le cadre du programme Alcotra CClimaTT, Changements Climatiques dans le Territoire Transfrontalier

Contexte :

Une étude à propos du mimule tacheté (Erythranthe guttata) a été réalisée par le Conservatoire botanique national méditerranéen (CBNMed), à la demande du Parc national du Mercantour (PNM) et financée par le programme Alcotra CClimaTT. C’est un programme européen interrégional dont le PNM a bénéficié de 2017 à 2020 afin de travailler sur des thèmes en lien avec le changement climatique. La propagation des espèces végétales exotiques envahissantes (EVEE) pouvant être favorisée par les impacts des changements globaux, la gestion de ces espèces entre dans ce programme de financement.

Cette étude comporte plusieurs parties:

• Une synthèse des connaissances relatives au mimule tacheté avec une description de l’espèce, de son écologie, de sa biologie et de ses impacts.
• Les caractéristiques de germination de l’espèce, déterminées de manière expérimentale.
• Un état des lieux des observations dans la vallée de la Tinée, qui est l'une des deux seules stations connues en région PACA faisant mention de cette espèce (sur la commune d'Isola dans les Alpes-Maritimes, l'autre étant située à Villar-d'Arêne dans les Hautes-Alpes).
• Une stratégie d’actions.

Cette stratégie d’actions, qui constitue l’aboutissement de l’étude sur le mimule tacheté, se compose de plusieurs missions :

• La coordination générale du projet.
• L’élaboration (et le suivi) des protocoles de gestion. L’objectif est de rendre plus efficace les différentes méthodes de gestion : cela se traduit par la mise en place d’un protocole capable de s’adapter en fonction des résultats de gestion obtenus année après année à l’échelle d’un secteur/d’une placette. Également, dans l’optique d’optimiser la gestion de l’espèce, il est indiqué dans la stratégie d’actions de vérifier le dépérissement des individus et d’identifier la période optimale d’intervention propre à cette espèce.
• L’élaboration d’un diagnostic de la situation proche de la réalité, avec la localisation et la cartographie précise des foyers du mimule tacheté ainsi que de leur ampleur. La stratégie d’actions prévoit, entre autres, d’aboutir à un inventaire précis des stations existantes comprenant cette espèce, selon un mailllage de 250m par 250m.
• La mise en place d’opérations et de chantiers afin de contrôler cette espèce. On peut citer dans les stations de petite taille, la mise en place d’une gestion manuelle (arrachage et extraction des plants) et pour celles de grande taille, l’application d’un protocole de gestion plus technique. La stratégie d’actions envisage aussi un traitement des déchets verts adéquat ainsi que leur évacuation.
• Les actions de sensibilisation et de communication quand à la présence du mimule tacheté et aux moyens de contrôle à appliquer, auprès des élus et des habitants. Cela se traduit par l’organisation de journées d’information, de diffusion sur les sites internet des différents partenaires, d’élaboration de plaquette de sensibilisation, etc.

Par ailleurs, le CBNMed est pilote d’un test de protocoles sur cette espèce, dans le cadre de la convention cadre de partenariat avec la métropole Nice Côte d’Azur. Un suivi du mimule tacheté a été mis en place en 2018 dans le vallon de Chastillon, où se trouve la Guercha (torrent affluent de la Tinée) avec l’objectif de suivre son évolution démographique.

Plus d'informations : https://www.invmed.fr/src/listes/evee-fiche.php?cd_ref=717180

Historique :

Le mimule tacheté est une EVEE peu fréquente sur le territoire, mais qui a régulièrement un fort taux de recouvrement (supérieur à 50%) au niveau de ses aires de présence. Ainsi, celle-ci est classée dans la catégorie « émergente » d’après la Stratégie régionale relative aux EVEE en région PACA. Plus d’informations sur la Stratégie EVEE PACA : https://www.invmed.fr/src/strat/strat_paca.php?idma=31

Cela implique alors que des mesures liées à la gestion de cette espèce sont pertinentes à lancer. Et l’étude menée sur cette dernière constitue la première étape pour élaborer une stratégie (comprenant un plan d’actions) relative à cette EVEE.

Actions réalisées :

Les actions menées sur cette espèce sont les suivantes :

• Détermination de l’état de colonisation de l’EVEE par la réalisation d’inventaires de terrain.
• Partage de connaissances sur l’espèce et transmission des données à la plateforme SILENE du SINP (Système d'information de l'inventaire du patrimoine naturel). Plus d’informations sur la plateforme SILENE : https://silene.eu/
• Expérimentation sur les graines du mimule tacheté avec des tests de germination ex-situ (hors site, en conditions contrôlées). L’objectif est de déterminer les caractéristiques ainsi que la viabilité des graines de l’EVEE récoltées sur la commune d’Isola.
• Construction d’une première stratégie de gestion de l'espèce.
• Concertation avec le PNM par rapport à la stratégie finale à adopter et aux acteurs locaux à prendre en compte dans le processus.
• Rédaction d’une fiche technique sur l'espèce.

Résultats :

Dans le vallon de la Guercha (Isola), un suivi a été mis en place suite à des actions d'arrachage manuel, en utilisant un maillage de 250 m x 250 m sur toute l’aire de présence de l’espèce. On note que cette espèce est présente en 2018 dans 42 mailles sur 46 mailles contrôlées (91,3%) contre 35 mailles sur 60 mailles contrôlées en 2021 (58,3%). De manière plus précise, en 2021, 14 mailles ne comportaient pas de mimule tacheté alors que leur présence y avait été notifiée en 2018. Également, on remarque une baisse du nombre d’individus de l’espèce dans 13 mailles entre 2018 et 2021. À l’inverse, on observe une augmentation du nombre d’individus entre ces deux années uniquement dans 4 mailles. De plus, 2 mailles présentent un même nombre d’individus et 27 ne sont pas analysables (manque de données comparatives).

La tendance générale issue de ces résultats est, à priori, en contradiction avec les évènements non prévus qui se sont produits pendant les années de suivi tels que le fauchage des bords de route localisés dans la station d’Isola 2000 ainsi que la crue importante engendrée par la tempête Alex (en octobre 2020) dans le vallon de la Guercha. En effet, l'hypothèse émise suite à ces deux événements est que ceux-ci auraient dû avoir comme conséquence la propagation du mimule tacheté et donc une augmentation du nombre d’individus observés. Cependant, cette hypothèse semble invalidée et on peut alors tenter d’expliquer la diminution des observations de l’espèce par la violence de la tempête Alex qui a emporté la végétation des bords de cours d’eau ; notamment dans la partie aval la plus abrupte.

En finalité, de par la mise à nu des milieux rivulaires, la recolonisation du mimule tacheté dans cette partie du cours d’eau est très probable dans les années à venir en raison de son statut d’espèce pionnière et de son adaptation aux régimes de crues.

Coûts :

L’étude pour le Parc National du Mercantour a duré 16,5 jours (pour un budget d'un peu plus de 8000€) et l'étude pour la métropole Nice Côte d’Azur a duré 4 jours (pour un budget légèrement inférieur à 3000€).

Références bibliographiques :

Bravet P, Diadema K. & Dixon L., 2018. Eléments pour la gestion d’Erythranthe guttata dans la vallée de la Tinée (Alpes-Maritimes). Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles. 14 p.

Référence iconographique : Pauline Bravet
Rédaction : Théo Alabert